Les enseignants, des non bloggers ?

Dans un billet : Pourquoi les profs ne bloguent pas ?, François Guité constate que les professeurs ne se trouvent guère sur les blogs… car selon lui ce moyen de communication convient peu aux enseignants (surtout les enseignants du primaire et secondaire).
Voici les raison énoncées :

  • Manque de temps
  • La fatigue
  • L’individualisme
  • L’insécurité professionnelle
  • Le retard technologique
  • Une incompétence en écriture
  • L’immobilisme

Jacques Cool lui répond par blog interposé… Je retiens juste la conclusion : Oser, oser, oser ; Soutenir, soutenir, soutenir.

Je reste assez dubitatif sur une grande partie de cette liste de freins… Reprenons les un par un.
Le manque de temps ! Cela je dois avouer me surprend toujours… Et lorsque l’on me dis que c’est certainement la principale raison pour laquelle les profs ne bloguent pas, je ne partage absolument pas cet avis. Cela me rappelle une revue syndicale d’enseignant dans laquelle le décompte des heures de travail d’un prof lui donnait des journées de travail de 25 h… 🙂 Non, revenons sur terre. Je ne dis pas que les enseignants n’ont pas de boulot en dehors des heures de présence en classe. Mais, je vous rassure, appartenant aux deux milieux : enseignants et monde de l’entreprise, les profs ne sont pas les seuls ! D’ailleurs pour vous en convaincre regarder les heures de publications de certains blogs de personnes hors enseignements. Vous serez assez surpris. Ils n’ont pas le temps mais ils le prennent comme certains enseignants que je connais autour de moi d’ailleurs.

La fatigue… Bon, il est toujours difficile de répondre à un argument massue : «des études ont démontré que l’enseignement est l’une des professions les plus stressantes». Oui, bien, bon les enseignants sont stressés… OK… Ils sont stressés par quoi, par qui ? Pourquoi ne destresseraient-ils pas justement en tenant un blog ? Je ne vois pas le rapport stress-blog… Au passage, je ne crois pas que stress et fatigue soient synonyme… Une personne qui travaille en poste de nuit à la sortie d’un laminoir est peut-être fatiguées mais pas stressée…
L’individualisme n’est pas un critère de rejet des blogs. Je pense que les nombreux entrepreneurs individuels, solos, indépendants, free-lance sont tous d’affreux individualistes (moi le premier !). Cela ne les empêche pas de tenir leur blog…

Je ne pense pas que l’immobilisme soit propre au monde de l’éducation…

Le retard technologique est un argument de poids… Ce n’est pas parce que l’on est enseignant que l’on connaît l’informatique, que l’on utilise l’ordinateur, que l’on navigue sur internet… et quand bien même, le transfert vers l’utilisation des TIC en classe ou entre enseignants est loin d’être atteint. Il y a d’énormes différences entre : je peux et je veux, je veux et je peux, je veux pas et je peux pas, je peux et je ne veux pas… Il serait un jour intéressant d’avoir une stat. non-langue de bois sur ce sujet concernant les enseignants. J’entends souvent (situations vécus) le discours officiel : «nous allons faire de l’informatique en classe» et en discours privé : «l’informatique, ce n’est pas adapté à l’enseignement. Je vais me renseigner auprès d’un copain parce que je n’y connais rien en informatique» ou comme autre réponse «ah, oui, j’ai suivi une formation informatique. Maintenant je sais allumé un ordinateur, mais c’est impossible que je m’en serve en classe !». Bref, la partie n’est pas gagné d’avance. Les générations futures auront intégrées l’informatique comme outils… mais d’ici là d’autres technologie seront apparu…

L’insécurité professionnelle est un item mal choisi… j’aurais préféré crainte des autres ou/et incompétence (que je regrouperai avec incompétence en écriture)… Les enseignants craignent d’être jugés est-il indiqué dans l’article. Quelque part on peut se demander si les enseignants sont un jour sorti de leur rôle d’étudiants. « Monsieur, Untel triche sur moi» ! J’ai l’impression que non. Le seul jugement qui est important à leur yeux, et celui là il le craigne alors qu’il est sans conséquence sur leur travail, la visite de l’inspecteur qui doit les noter ce qui permettra aux enseignants de gagner plus rapidement des échelons (salariaux) si cette notation est bonne… Et je corrobore entièrement l’avis de Mario Asselin (qui dirige l’EduCarnaval français) dont je cite le commentaire : « Pour certains, le premier pas à faire consiste à accepter l’idée de se voir faire; accepter de recevoir un feed-back de ses élèves, des parents de ses élèves ou de ses collègues ou d’un accompagnateur (C.P.) ou d’un superviseur (membre de la direction). Je suis encore stupéfait du nombre de personnes qui oeuvrent dans les écoles depuis longtemps tout en «ayant appris» comment contourner la moindre occasion de recevoir un feed-back. L’écoute sélective, les stratégies de fuite et d’évitement ainsi que la paresse intellectuelle et le laisser-aller font malheureusement partie «des armes» qui composent un genre de coffre à outils occulte de bon nombre de professionnels.» Arrêtons le «maître dans sa classe» ! le rôle de l’enseignant est également modifié. Hier, grand possesseur du savoir, il le distribuait à ces élèves, aujourd’hui, il l’échange avec ses élèves.

Pour ce qui est de l’incompétence, je confirme celle en écriture. Je suis toujours surpris du nombre d’erreurs de grammaire ou d’orthographe de la part de «nombreux» enseignants de l’école primaire, la rédaction n’en parlons pas. Je connais même un prof de français, donc dans le secondaire, qui ne sait pas écrire une ligne sans une faute. Il le reconnaît lui-même. Mais cette incompétence est peut-être plus profonde… Je n’en sais rien c’est une question que je me pose : qui sont les enseignants d’aujourd’hui ? Voici la réponse que je me donne : la plupart sont des étudiants qui voyant leur niveau insuffisant se sont dit « pourquoi pas l’enseignement ». Je pense ou j’ai le souvenir de l’importance du maître, des professeurs, etc. bref des enseignants dans le passé pas si lointain. Mais, c’était un choix délibéré de la part des élèves de devenir enseignant à quelque niveau que ce soit, pas un pis aller… Être enseignant représentait quelque chose d’important… Qu’est ce que cela représente aujourd’hui d’être enseignant ? C’est sûr que si l’on fait un boulot à reculon, pourquoi produire d’avantage pour se travail.
D’autres éléments sont peut-être à prendre en compte dans le secondaire que je connais beaucoup moins.

Mais, blog et TIC : même combat… Je ne pense pas que l’un soit mieux loti que l’autre… Il suffit de regarder la conférence Favoriser l’intégration des TIC en pédagogie universitaire : quelles sont les étapes pour aller au-delà de la présentation de diapositives ? de Thierry Karsenti sur le site Internet du Carrefour de l’information. Thierry Karsenti (Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’éducation) présente les résultats d’une enquête réalisée auprès de 709 formateurs universitaires sur les usages des TIC en pédagogie universitaire. Sans surprise la plupart des enseignants se limitent à PowerPoint et, dans une moindre mesure, aux emails avec les étudiants.
Pourtant certains essaient de donner des idées… comme le faux témoignage du café du professeur McHale : blogs, RSS et signets partagés en classe
Les actes du Colloque CREPUQ (Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec) du 3 mai 2003 Enseigner à l’ère du numérique complétera le panorama de cette vision du monde enseignant. Je conseille la lecture du Rapport de synthe?se des tables rondes : Enseigner a? l’e?re du nume?rique, qu’est-ce que c?a change pour le professeur ? Tout un programme !

Bon, et si maintenant on commençait à recruter des enseignants qui connaissent déjà l’informatique en dehors de leur domaine de compétence ?

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