TIC choc TPE…

L’avenir du marché des TIC dans les TPE

L’institut d’études télécoms Idate prévoit une forte croissance du marché de l’informatique sur le segment des TPE (très petites entreprises). 72% d’entre elles disposent d’au moins un ordinateur (fixe ou portable) à usage professionnel, et ce pour trois raisons principales : absence de besoins dans certains secteurs, complexité perçue des outils et/ou le coût des équipements. Génial, je peux donc m’attendre à une croissance vis-à-vis des TPE… qui profitera à une TPE… Ben, oui, Ed Productions est en Profession Libéral, donc je fais partie de ces TPE tant convoités ces derniers temps.

Pour les logiciels (le résultat m’intéresse au plus haut point, car nous formons beaucoup sur les logiciels ;-), les logiciels de communication (messagerie, messagerie instantanée) et de gestion (groupware, gestion financière) se banalisent dans les très petites entreprises, de même que les solutions de bureautique, de graphisme et de PAO (publication assistée par ordinateur). Ah, je sursaute… Nous revoilà avec la sempiternelle théorie que tout le monde d’un seul claquement de doigts peut se transformer en graphiste, en maquettiste.

Je vous épargne les constatations et autres prévisions sur Internet à 2010…

Un rapport Objectif ? … Économie Numérique

Mais la parution de cette étude Idate est-elle si anodine que cela ? Pourquoi la sortir quelques jours après la parution du rapport Objectif économie numérique de la mission TIC et TPE du ministère des PME, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales dit Rapport Midière sur les TIC dans les TPE. (TIC : Technologies de l’information et de la communication) Au passage, j’aurai presque pu croiser Olivier Midière lors de mon passage à l’IEA de Paris.

Mais j’ai l’impression que nous sommes, nous les TPE devenus les sauveurs de la France. C’est nous qui devons vous proposer les emplois de demain… Si, si… Tenez lisez : « Il y a là un ensemble de facteurs positifs qui ne demandent qu’à se traduire en développement d’emplois et d’activité, dès lors que leur sera facilité l’accès aux différentes ressources productives : main-d’oeuvre qualifiée, accès au crédit, fiscalité moins pénalisante pour l’emploi et, surtout, accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.»

Je reprends comme base l’article d’Info PME

Les usages des TIC dans les PME :

  • 79 % des TPE sont informatisées, l’ordinateur est encore souvent « assimilé à une machine à écrire ». Je ne vois pas beaucoup d’autres usages de l’ordinateur pour un boulanger de quartier aujourd’hui…
  • 30 % des TPE utilisent des logiciels de gestion (commerciale, comptable, trésorerie, paie, devis, factures, fichiers clients, etc.) Je préfère détailler. Pour qui, pour quoi un logiciel de gestion commerciale est nécessaire… Je reprends le cas de mon boulanger précédent ? Pour saisir chaque soir le montant des tickets de caisse ? Pourquoi un logiciel de paie ? Je pense que beaucoup de TPE souhaitent privilégier les autres TPE (c’est mon cas) et préfère travailler avec des « indépendants » en portage. Un fichier client… Oui, lorsque l’on travaille avec un fichier client. Je suis à peu près certain que le couvreur n’a pas besoin d’un fichier client, le plombier ou l’électricien non plus, nous avons tellement de mal à en trouver un car son carnet de commande est déjà rempli à long terme…
  • 65 % des TPE disposent d’un accès à l’Internet. Certains (ceux qui sont dans leur bureau pour qui Internet est devenu indispensable ?) ajoutent seulement 65 %. En plus, il ne suffit pas de posséder un accès à l’Internet, encore faut-il savoir s’en servir correctement et efficacement.
  • 65 % des TPE non connectées « imputent cette situation à une absence de besoin » et 24% à « des difficultés » à maîtriser l’informatique. Et si c’était vrai aussi ! La non-connexion dans le cadre du travail n’est pas encore une tare.
  • 15 % des TPE profitent d’usages plus avancés que le mail et le web (dématérialisation des documents, téléphonie sur IP, web conference, e-procurement, emailing, etc.). Encore une fois qui en a besoin indispensable ?
  • 27 % des TPE disposent d’un site web et 50 % ne sont pas convaincues de l’intérêt d’un site
  • 10 % des TPE ayant un site web offrent la possibilité de commander en ligne… Oui, c’est mon cas actuellement. Je propose des prestations qui ne se vendent pas comme des boîtes d’allumettes. Je préfère personnaliser mes propositions si besoin en fonction de la demande des clients… Je suis donc fier d’appartenir à ces 10 %.

Pour faire évoluer la situation, le rapport propose une action de l’Etat sous la forme de publicité télévision (sensibilisation), d’équipements (facilité de financement) et de formation organisée 20 modules qui donneront lieu à la délivrance d’un « passeport numérique » ouvrant droit à des packages de matériels divers (ordinateurs, solutions de certification en ligne, etc.).

Pour assurer les formations à l’échelle de toute la France en 2 ans, la mission souhaite s’appuyer sur les différents réseaux qui l’ont aidée dans l’élaboration du rapport comme le Réseau racines, les Echangeurs, Entreprendre en France…).
À mince, moi qui pensais que justement pour aider les TPE ont allé faire appel aux TPE qui connaissent le travail de ce type de public, leurs contraintes… Et bien non, rien… Et comme de plus je ne fais pas partie du Réseau racines, des Echangeurs, d’Entreprendre en France, etc. car je suis indépendant et fier de l’être, je passerai donc à côté de la manne de l’état. Le pactole sera pour les PME ou les TGE (Très Grosse Entreprise).
Je rejoins Sylvain Tourriere, qui il y a neuf mois en juin 2005, se posait la question de savoir si ce sont bien les TPE qui bénéficieront du programme. Alain Lafon répond oui : « si elles participent au projet, ce qui est sans doute le cas pour un certain nombre des partenaires… et certainement si elles s’organisent elles-même pour le mettre en œuvre.» Je n’en suis pas certain et je ne me lancerai pas comme lui dans une vaste initiative sur le sujet…

La conf. de presse du Ministre

Et maintenant, j’écoute religieusement Renaud Dutreil, Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions Libérales lors de sa conférence de presse pour annoncer l’un des 5 volets du « programme croissance PME » (tiens, on ne parle déjà plus de TPE !) et Olivier Midière, c’est-à-dire celui qui a trait à l’économie numérique… depuis le site de Jean-Michel Billaut qui fut le premier à la mettre en ligne.
Au passage, je note la remarque pertinente de M. Billaut : «50 % des Français de la France d’en bas se mettent à l’utilisation de l’Internet et font de plus en plus leurs achats en ligne.. Alors quid de nos patrons de TPE ? Sont-ils encore à la plume d’oie ?»
À l’écoute de Renaud Dutreil, alors que le ministre ne peut s’empêcher de parler des brevets et la propriété industrielle (euh, juste un détail, combien de TPE… cela concerne t-il mais c’est vrai, c’est M. Midière qui est spécialiste des TPE).
Il y aura même un passeport gratuit pour l’économie numérique (une initiation au e-commerce). Ce passeport devrait donne droit à des avantages commerciaux pour l’achat de produits TIC ou pour leur financement bancaire ! Une offre spécifique pour les TPE : des entreprise répondant à une charte d’engagement de service pour les petites entreprises et d’une offre type (configuration type de matériels et de logiciels), la mise en place de conseils-référents et une action de communication.
Une mallette numérique pour TPE et PME est également au goût du jour. Cette mallette est destinée à la mise en place d’une stratégie du zéro papier au sein de l’entreprise. Elle devrait permettre de :

  • utiliser l’ensemble des téléprocédures de la sphère publique ;
  • répondre à un appel d’offre de marché public dématérialisé ;
  • stocker et archiver l’ensemble des documents numériques de l’entreprise ;
  • renforcer la sécurité et échanger des mails, des propositions, des devis, des contrats, etc. signés électroniquement ;
  • générer et mettre à jour en temps réel son site web avec sa vitrine et son catalogue en ligne ;
  • émettre des factures, des fiches de paye et procéder à la gestion comptable de l’entreprise ;
  • externaliser la conservation de ces documents numériques grâce à un coffre-fort électronique

Ce plan nous coûtera sept millions d’euros sur deux ans. Pour qui, pour quoi ?

Une première remarque je n’aime pas être considéré comme une souris. je me demande quel chat me dévorera. Plus sérieusement, je ne gagnerai rien sur ces 7 millions €, pas un centime (enfin, mieux vaut ne jamais dire fontaine, je ne boirais pas de ton eau, donc, je gagnerai peut-être « quelques centimes » en délégation de formateurs…). Je pense que je ne bénéficierai d’aucun des services que prévoit ce plan. Par contre, je continuerai à payer mes impôts.
On ne peut me reprocher d’être un anti-tic. Mais arrêtons de nous seriner du TIC par ci, du TIC par là, du TIC pour ceci, du TIC pour cela… Depuis combien de temps entendons nous parler de TIC dans pour l’éducation nationale ? Adrien ne me contredira pas : le plan Informatique pour tous à plus de 15 ans maintenant, non ?
Si nous prenons le même chemin avec les TIC pour les TPE où en serons-nous dans les années 2020 ? Pour ma part, pas loin de la retraite… Tiens, encore un débat politique.

D’autres liens :

Mise à jour le 22 mars 2006 : L’une de mes craintes voit déjà le jour… Ainsi, l’Artesi IDF fait la promotion d’une entreprise. Je signele que Artesi signifie Agence Régionale des Technologie et de la société de l’information. Ce qui me gène c’est le : « nous » avons crée PME-PMI.org afin d’aider les PME PMI dans leurs transitions vers les nouvelles technologies. Nous ? l’Artesi IDF ? Mais PME-PMI appartient à PME MULTIMEDIA… Quand je vous disais que le marché des TPE est attractif.

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