Sauvons la photographie

Le titre de ce billet reprend l’accroche de la campagne notamment de l’UPC (Union des photographes créateurs) : sauvons la photographieFreeLens et La Saif sont également dans le coup !

C’était un peu le coeur du débat lors de la journée Idemmatic (dommage, le compte-rendu n’est pas encore en ligne 🙁

Oui, le métier de photographe est en danger. Enfin, plus exactement du photographe d’illustration. D’autres pans du métier le sont aussi. Par exemple, il est désormais assez simple de s’équiper d’un studio portable pour pas trop cher (je parle par rapport à mes débuts dans la photo… dans les années 70 🙂 et de réaliser les clichés nécessaires à l’illustration de son catalogue…

Seulement, il restera malgré tout des photographes dans l’avenir. Des vrais ! Si, si… Ceux qui ont du talent ou utilisant des techniques spécifiques ! Par exemple, je viens de me faire tirer le portrait par un photographe qui travaille pour un magazine… Il existera toujours des photographes de cette race là 🙂

Je ne comprends pas le sens de l’appel lancé par l’UPC ! Nous avons tous compris, mais pas les photographes me sembe t-il, que le monde évolue. L’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Les peintres à l’apparition de la photo ont du dire la même chose !

Je souhaiterai revenir sur leur déclaration, un tantinet présomptueuse…

«Pour que la création visuelle continue d’exister». Pour moi, c’est une grande découverte. Si les photographes de métier disparaissent, la création visuelle cesse ! Boum ! Y’en a qui vont être heureux d’entendre cela dans les agences de communication et autres agences publicitaires. Messieurs les photographes (je pense que la profession est largement masculine) vous n’êtes pas les seuls !

«que les Auteurs Photographes puissent continuer à produire des photographies» Là, cela prouve que vous n’avez rien compris. Désormais, tout utilisateur d’appareil photo numérique est potentiellement un « auteur photographe », et ce dès le plus jeune âge ! Là encore, vous n’avez plus le monopole, même si cela vous déplait. Vous n’avez pas semble t-il pris en compte l’apparition des « pro-am » (professionnels amateurs). Je suis d’autant plus surpris que dans les année 70 déjà, Kodak fournissait un guide pour « amateurs avertis » destiné à ceux qui travaillaient au labo.

J’y vais de ma petite histoire pour vous narrer l’évolution et la fin annoncé des photographes ! Remontons l’histoire pour nous arrêter au début des années 1980 ! C’est simple à l’époque, pour devenir photographe d’illustration par exemple vous aviez pour simplifier deux choix ! Passer par une agence d’illustration (elle ponctionnait 50 % de vos droits d’auteur au passage) ou vendre en direct au revues, organisme divers et variés…

Oui, mais pour proposer des images (en général de la diapos), vous deviez posséder un stock conséquent d’images. Je ne sais plus si c’est à Géo ou à Grand Reportage, mais pour proposer un article, le minimum était de 700 clichés ! Pour réaliser ces 700 images publiables, combien de films, de temps… Je vous laisse faire le calcul ! Pour une évaluation… 700 image c’est environ 20 films 36 vues. Mais, en réalité pour obtenir ces images, nous devions prendre beaucoup plus de photos. Deux, trois, quatre fois plus ! Cela représentait un coût que nous n’étions pas tous prêt à payer ! En plus, nous devions nous équiper en matériel de prise de vue : appareil, objectifs, filtres… Je n’ai jamais osé compter 🙂

Autre dépense à prendre en compte, les déplacements. Rappelez vous qu’à l’époque le prix des billets d’avion n’est pas celui d’aujourd’hui !

Enfin, reconnaissons le, c’était aussi la loi du milieu. Le copain du copain qui est dans le métier et qui fait connaître le petit dernier aux autres ! Euh, sur ce point là, pas grand chose de nouveau… c’est toujours le copain du copain 😉

Venons en à la situation actuelle. Le coût de l’équipement ? Un appareil photo ! Et pas besoin du dernier hyper sophistiqué ! Il suffit d’obtenir une image en 300 dpi dans un format A4 ! Je ne parle même pas des images pour Internet où 72 dpi pour une taille plus faible suffit ! Un ordinateur est également nécessaire. Mais qui ne possède pas un ordinateur de nos jours 😉

J’ai beau cherché… nous n’avons pas besoin de beaucoup d’autres choses puisque avec un peu de chance vous avez acheté votre appareil avec deux zooms qui couvrent 99 % de vos besoins ! L’investissement est donc « minime » et beaucoup de familles sont désormais équipées.

De plus, les latitudes techniques dans les prises de vues, les différentes possibilités offertes par les programmes et la visualisation immédiate du résultat ce qui permet de « refaire » son shoot dans l’instant… offre une gamme de possibilité très large à tout possesseur d’appareil photo numérique.

Les « professionnels amateurs » se régalent ! Ils peuvent prendre la photo qu’ils souhaitent. L’amateur tout court également.

Mais ce n’est pas tout. Désormais, à la grande différence de ce qui se pratiquait dans le passé, n’importe qui peut exposer ses images à la vue de tous (ce qui explique également les réactions vis à vis des droits en photo) !

Évidemment, actuellement, la plupart du temps, la personne qui expose ses images n’est pas un pro. mais un amateur. Il faut cela pour le plaisir. Son but n’est pas de « gagner des millions » avec ses images. Il cherche juste une reconnaissance. Sa photo acheté un euro lui suffit amplement. C’est un peu l’euro symbolique de la justice. Il a eu son euro… Il a réussi à vendre son image.

Comment fonctionnait les revues consacré à la photo dans les années 70-80 ? L’argument était que l’on ne vous payait pas vos images (sauf rares exceptions) car leurs diffusions vous faisaient de la pub. Vous pouviez ensuite frimer que vos images étaient parues dans telle ou telle revue !

Raisonnons simplement sur le plan économique. Je suis une entreprise. Je veux la vue du célébre pont d’Heidelberg ! Je ne pense pas qu’il y ait des millions de choix sur la vue à choisir ! Tout le monde ou presque fait la même ! Pourquoi payer plus qu’un Euro pour la même image ? Je serai même près à payer moins cher une image de moins bonne qualité car mon public n’attend pas obligatoirement une image de haute volée.

Reste aux photographes à prouver leur utilité réelle, leur apport… Si ils veulent combattre le photographe du dimanche, c’est qu’ils fournissent le même travail. Aux photographe de montrer qu’il existe une différence entre leurs images et celles des CD libre de droits, que l’emploi de leur image correspond à un style particulier, qu’on ne retrouvera pas leurs images partout…

Bref, moi je propose de sauver le métier de créateur de site web ! Ils ont en effet de graves problèmes : la sous-traitance dans les pays à faible coût salariaux, le cousin de la voisine qui fait des sites web, l’affichage comme spécialiste de beaucoup trop de gens, l’arrivée des réseaux sociaux, l’existence des flux RSS qui fait que l’on ne va plus sur les sites, les incessants changements de l’HTML et des feuilles de style (pour les plus vieux, sans feuilles de style, puis CSS 1, CSS 2 et désormais CSS 3).

Dans le même esprit que les photographes, il est urgent d’intervenir « Pour qu’Internet continue d’exister » et « que les créateurs de sites web puissent continuer à produire des sites ».

Il y a aussi le journalistes dans ce cas, et vous, vous avez d’autres idées de métier à sauver ?

Vous l’avez compris, cessons les jérémiades. J’aurai tendance à dire : «Agissez au lieu de voir le train passer, évoluez et pour les photographes, si je peux me permettre la vidéo n’est pas obigatoirement votre reconversion :-)»

Mise à jour le 31 mars : j’aime bien ce qu’écrit Za Blog dans Pelerinage des photographes contre la mondialisation 😉

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