rapports entre curation et community management ou curateur et community manager

Peut-être avez-vous lu l’article du dossier sur la curation dans Documentaliste Sciences de l’information de mars 2012 ? Comme je l’expliquai voici quelques minutes sur Eric-Delcroix.com dans dossier Curation de Documentaliste Sciences de l’information ce n’est que l’extrait d’un article plus long que voici.

Si pour l’année 2010, le buzzword était community manager, celui de 2011, fut le terme de curateur.

Aussi, il me semblait intéressant en préambule de voir sur Google Trend la comparaison des termes Community manager et Curator…

Je ne m’attendais pas à ce résultat au niveau des recherches qui confirment pourtant en partie mes prévisions, même si le terme curator est employé dans d’autres sens, on prend vite conscience que ces deux métiers sont à la croisée de leur chemin. Le community manager est en perte de vitesse alors que le curator explose.

La seconde recherche : community management – curation est certainement plus proche de la réalité « métier ». Toutefois, les tendances restent identiques.

Les tendances dans ces deux écrans pour le volume des références ne permettent pas une analyse fine dans ce contexte.

Qu’est ce qu’un community manager ?

Il faudra bien un jour se mettre d’accord sur le métier de community manager : définition et rôle. Community manager de buzzword est devenu un terme valise.

Tout le monde aujourd’hui est community manager, depuis le « community manager » dès lors que ses activités l’amènent sur Twitter ou Facebook, à ceux qui animent les réseaux (pour certains ce n’est qu’un seul) jusqu’au « strategic » community manager qui a en charge la stratégie à mettre en place ce qui inclue ligne éditoriale, choix des canaux, mise en place de procédure, etc.

Ce qu’on ne peut retirer au community management : la gestion ou l’animation d’une « communauté » rassemblée autour d’une marque, d’un produit ou d’une organisation.

Certains pensent que ce sont les Relations Publiques à la mode Internet. En effet, il gère l’e-reputation : visibilité en ligne, présence optimale sur Internet et essaye de contrôler les messages. C’est aussi le cas lorsque l’on évoque le terme d’ambassadeur pour parler du community manager.

Deux cas de figures se présentent pour l’adoption d’un community management.

Le premier, celui du bad buzz ou de problème d’e-reputation. Les clients prennent la parole et il est nécessaire de leur répondre…. L’entreprise découvre alors l’importance du community manager et d’interface qu’il représente entre le monde extérieur et l’entreprise et de son rôle dans la remontée des critiques et des conseils du public.

La seconde possibilité est que l’entreprise souhaite « communiquer » avec sa « communauté » ou l’informer. Dans cette situation, le community management devient de la communication, du marketing… auprès d’un public ! Il devient alors nécessaire au community manager de ne pas se contenter d’échanger avec les « fans » de Facebook et de dépasser le discours marketing. Il doit transmettre des explications ou des informations à son public, donc mettre en œuvre des techniques d’appropriation de l’information, d’enrichissement de cette information et des choix (accès, organisation) de diffusion l’information (toutes ressemblances avec un curateur est voulue !)

Arrêtons nous un instant sur la perception de la curation par les community manager. La plupart refusent ce terme…

La population du community management a été la première à traiter de buzzword le terme de curation et le métier de curator.

Alors, pourquoi cette animosité ? Par crainte de leur avenir ? Peut-être. Par méconnaissance ? Certainement. Parce nombre d’entre eux se reconnaissent totalement ou en partie dans la définition de curator ?

Très certainement parce que les limites de chaque rôle ne sont pas encore clairement définies. Donc, tout le monde peut se dire aujourd’hui community manager ou curator.

Curateur, content curator…

Ce veilleur, à l’écoute du web (principalement le web 2.0) filtre le bruit de l’actualité, sélectionne, organise et redistribue à l’ensemble de sa communauté, mais aussi aux autres, les informations qui jugent les plus importantes ou pertinentes. L’information devient porteuse de sens pour information ou pour la prise de décision.

On pourrait simplifier en disant que la curation est un moteur de recommandation, avec un petit relent d’influenceur pour certain (le miroir aux alouettes de devenir influenceur du web 2.0 si l’on fait de la curation !).

Si le community management évoque les relations publique 2.0, la curation peut-être considérée comme l’évolution du social bookmarking d’hier et le maître des flux RSS.

Toutefois si le besoin de curation sur le web est bien présent (il y a tellement de sources d’informations, qu’il faut faire le tri et aussi avoir rapidement un condensé de qualité), les nouveaux outils du genre « super agrégateurs de contenu » permettent de donner un vernis de surface pour faire croire que chacun peut devenir curateur du jour au lendemain.

Il est d’ailleurs intéressant de noter la réflexion de Marc Rougier, l’un des fondateur de Scoop-it à un article de Valentin Pringuay : Le Curator, vers un nouveau mot vide de sens.

« … permettre à tout un chacun de s’exprimer, sur un sujet de passion ou d’expertise, sans nécessairement avoir le temps ou le talent de l’écrivain, mais en signant une collection, par ses choix et sa mise en scène de « son meilleur du net ». …. »

Et puis, n’oublions pas le rôle des curateurs au sein des intranets avec le partage d’une information contextualisée, diffusée au bon moment, à la bonne personne, à la bonne communauté de pratiques…

Si certains voient dans la curation : Le curator, rédacteur en chef de la veille 2.0 pour d’autres, la synergie entre le community manager et le curator est telle qu’ils pense que c’est la définition du nouveau community manager.

Encore une fois, la ligne de démarcation entre community manager et curateur est perméable.

Est ce de la curation ou du community management quand j’anime en partie les comptes pour le salon VAD e-commerce dans Twitter, Facebook, Viadeo et Linkedin en fonction d’une veille sur l’e-commerce ?

Lorsque je mets en place une veille que je rapatrie automatiquement dans Twitter comme pour @Tweetennord dans l’esprit du flux d’information de l’AFP au niveau régional cela ressemble plus à du « strategic » community management.

Au-delà du vocabulaire

Si on oublie la mode des termes, le moteur de la curation et du community management repose sur l’indispensable présence sur le web.

Pour entretenir cette présence, il n’est pas nécessaire de produire une quantité importante de contenus. En effet, le partage d’articles utiles, choisis avec soin, éventuellement commenté et qui apportent une valeur ajoutée peut suffire. Le curateur devient éditeur.

Mais, est ce que le métier de curateur n’est pas arrivé trop tard ? Outre les community managers, de nombreuses personnes sur Twitter, sur leur blog, par Diigo ou Tumblr, etc. faisaient œuvre de curation sans jamais se considérer comme des curators.

L’intérêt du curator est d’être un humain. De plus, son jugement sur les informations qu’il traite est considérés comme une autorité dans son domaine. Cela ressemble beaucoup aux influenceurs du Web 2.0.

Dans ce cas, il serait de savoir si la notion de curateur ne serait pas un terme mis en avant de façon marketing pour donner une légitimité à certains influenceurs ? Ils ont besoin de rentabiliser leur activité de curation.

En effet, cette curation demande un travail important et soutenu (une véritable veille) et celle-ci est réalisée « gratuitement ».

En corollaire, plus une personne diffuse de l’information à valeur ajoutée, plus elle est médiatisée. Et plus elle est médiatisée, plus elle devient un moteur de recommandation vers du contenu « important ». Les influenceurs deviennent encore plus influenceurs.

L’autre vision de cette approche est de considérer le métier de curator comme un moyen pour les plus jeunes de s’imposer à leur tour comme influenceurs, à la place de leurs aînés !

Cependant, tout le monde ne peut pas être curator, comme tout le monde ne peut pas être community manager aujourd’hui.

Mais, avec l’éclatement du métier de community management, la curation n’est-elle pas une de ses sous parties ?

Les raisons de cet éclatement sont multiples. L’écoute et l’empathie ne sont souvent plus suffisantes pour assurer la prééminence de la marque, de l’entreprise… La curation arrive quand le « marketing » ne suffit plus.

Michelin en son temps l’avait compris. Au lieu de partager des infos concernant la voiture (le produit), Michelin partageait du contenu concernant l’usage du produit notamment le voyage : les guides routes, hôtels, restaurants…

Si la distinction est assez floue entre curator et community manager pour les extranets, il en est différemment pour les intranets.

Leurs rôles sont distincts dans un intranet 2.0. L’un anime des communautés, l’autre apporte l’information afin qu’elle soit utile, utilisable et utilisée.

Et puis, est ce que community manager et curateur sont des métiers ? Actuellement, la réponse est oui par manque de formation, de personnes « capables » de la faire… Mais, dans quelques années, est ce que ces activités ne seront pas des fonctions d’autres métiers ?

Aussi bien pour les activités du community manager et du curateur, c’est avant tout un état d’esprit et toutes les personnes impliquées dans l’entreprise 2.0 se doit de participer à cette évolution, même si pour chacune de ces fonctions, des capacités spécifiques sont nécessaires.

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