prospective de notre environnement social pour les métiers, l'éducation, l'entreprise

Autour de moi, j’entends souvent dire que :

  1. Internet change le monde
  2. Les réseaux sociaux modifient nos relations
  3. le web temps réel (Twitter) transforme notre perception de l’information

Mais, en parallèle, je remarque que le public n’a pas pris conscience de ces révolutions qui sont en train de se jouer devant leurs yeux !

Le comble est atteint lorsque j’interviens dans un milieu précis. J’entends par milieu précis une profession (les journalistes, les enseignants…par exemple), les commerçants (aussi bien dans le BtoC que le BtoB), dans des branches d’activités professionnelles… et c’est sans compter sur le devenir de certains métiers ou branches d’activités !

J’ai l’impression que la population fait l’autruche ! Quel que soit le milieu, lorsque l’on évoque l’avenir, en général, la réponse est du type : «notre métier va changer !». Quand je donne des perspectives d’évolution du métier… Hop, j’ai des autruches devant moi ! Non, pas à ce point là ! (Il est vrai que très provocateur, j’annonce la mort de leur métier… Ben oui, leur métier n’aura plus rien à voir avec ce qu’ils font actuellement !)

Pire encore, je suis toujours effrayé par le manque de projection des personnes dans ce que pourrait être l’avenir en regardant un petit peu du côté des signaux faibles. Il faudra bien qu’un jour ou l’autre, le grand public prenne conscience de ce qui les attend.

Vous allez me dire, si vous avez un certain âge (disons l’âge d’avoir des enfants scolarisés) que vous vous en sortirez tant bien que mal ! Il y a de fortes chances que vous soyez de la génération Y (ou un peu au-dessus), celle qui prend toutes les baffes au passage dans cette révolution.

Prenons justement en exemple cette population. Très rapidement, vous allez être confronté au devenir de votre progéniture ! Il faut discuter du métier de votre descendance… Et, c’est là que les problèmes commencent !

Désormais, il n’est plus de mise de focaliser sur un métier particulier. Pas question de dire : «Tu seras médecin mon fils». Mince, j’ai des filles à la maison 😉 donc pas de «Tu seras journaliste ma fille !». Oui, oui, c’est l’activité que l’une de mes filles veut faire !

Cela voudra dire quoi être journaliste dans 10 ans ? Quand je vois que France Inter suite à l’emploi de Twitter par des journalistes dans le cadre des procès de DSK m’appelle mi-affolée en se demandant qu’est ce qui leur tombe sur la tête ! Que l’information « à la pépère » comme il la pratiquait avant ne fonctionne plus ! Cela remet en question les fondements du journalisme !

Cela fait 3 ans environs que je préviens les (futurs) journalistes de ce tournant !

Donc, en résumé, je ne dis pas à ma fille qu’elle sera journaliste mais « communiquante » avec éventuellement une ou deux spécialités : journalistique par exemple et scientifique (puisque c’est son souhait !).

En réalité, cela correspond également aux études qui ont été réalisées par des sociologues sur la génération Z ! En simplifiant, cette génération n’aura pas de métiers mais possédera des compétences.

Je sens déjà les hurlements poindre ! Comment, plus de métiers ! mais alors, plus de plombiers, plus de médecins… Cela peut nous effrayer car nous ne sommes pas habitués à cette structure dans notre société.

Et pourtant, le médecin de campagne sera remplacé par une relation via téléphone ou ordinateur (ou autre) qui permettra de nous diagnostiquer à distance soit par l’intervention d’un logiciel.

Quand vous allez voir le médecin, vous décrivez vos symptômes, vous regardez vos résultats d’analyses divers et variés et le médecin vous dit : vous avez telle maladie, je vous propose tel traitement !

Si l’on entre toutes les données, un logiciel peut le faire. Cela peut même aller plus loin car vous aurez certainement la possibilité d’être constamment sous « surveillance médicale »).

Donc, où est le rôle du médecin dans tout ça ? Moi, j’y vois des fonctions d’informaticiens (ou de développeurs) et de scientifiques ! Vous allez toujours dire à votre enfant de faire médecine maintenant ?

Je vais même aller plus loin ! Petits futés comme vous êtes, vous vous dites… «Oui, d’accord, pour le médecin généraliste ! Mais le spécialiste, pour les opérations !» Là encore le « marché » sera minimaliste ! D’ici là, les opérations à distance et les robots auront pris le pas sur l’humain pour toutes ces manipulations ! Oui, je fais de la prospective… mais 2050 n’est pas si loin !

Le souci dans cette évocation, est que pour l’instant, au sein des établissements scolaires personne ne veut prendre en compte ces évolutions. On en reparlera certainement encore cette année à Ludovia 🙂

Les services d’orientation aussi bien que les enseignants défendent leur « modèle ». Je vais encore faire grincer des dents, mais éviter d’orienter vos enfants vers les fonctions de l’enseignement !

Demain, malgré l’opposition de la caste des enseignants qui vont défendre bec et ongle leur métier, il n’y aura plus de prof. comme nous les connaissons aujourd’hui j’en prends le pari !

L’enseignement va exploser en plein vol !

D’ailleurs, avez-vous déjà réfléchi au coût des infrastructures : écoles, collège, lycée… et même universités ! Les seuls bâtiments qui resteront mais d’une taille raisonnable ce sont les laboratoires de recherche ! Le mammouth va se dégraisser de lui-même !

Aussi, ne me demandez pas comme va se transformer le métier actuel d’enseignant. Je n’en sais fichtre rien, je ne suis pas devin ! Mais, je sais que ce ne seront plus des « prof. » Vous voilà averti.

À mon sens, il est extrêmement urgent que les enseignants actuels prennent le chemin de l’enseignement social (sous-entendu, l’enseignement au moyen des outils de médias sociaux, de web temps réel… S’ils veulent encore travailler dans le domaine de l’éducation à moyen terme !). Pas ceux près de la retraite, mais ceux qui débutent !

Vous souhaitez des signes avant-coureurs de ces évolutions ? La mise en place du livret de compétences (on ne parle plus de matières) dans les collèges qui prépare au portfolio en est un pour moi. N’oublions pas que j’ai écrit plus haut que désormais, ce n’était pas un métier que les jeunes recherchaient mais des compétences !

Je signale au passage que je n’apporte pas de jugement ! Je tente de simplement d’évaluer la situation !

D’ailleurs, la disparition des établissements scolaires va de pair selon moi avec la mise en avant du télétravail, du co-working… Je ne sais pas si vous sentez les frémissements dans ce domaine (y compris l’émergence de l’auto entrepreneuriat).

D’ailleurs, Christophe Deschamps  l’avait très bien expliqué dans son livre pour les travailleurs du savoir et de l’information !

Donc, pas médecin, pas journaliste, pas prof.

Plus largement, des pans complets de secteurs d’activités vont disparaître ! Je prends fréquemment l’exemple des salons (cela ne m’empêche pas de travailler pour VAD e-commerce, au contraire, car eux aussi préparent leur reconversion 😉

Quelle serait la raison d’exister des salons pro. ou grand public dans l’avenir ? Analysons ce qu’est un salon professionnel aujourd’hui ? Vous avez un rassemblement à un instant T d’exposant (les stands), vous avez les conférences spécifiques, vous avez un point de rendez-vous entre membre d’une même « confrérie » Le reste n’est que de l’habillage.

Dans quelques années, vous allez pouvoir assister à un salon professionnel confortablement installé dans votre fauteuil depuis le bureau ! En effet, de simples raisons budgétaires feront qu’il est plus simple de posséder un « stand » sur la toile que de devoir louer un emplacement, équiper un stand, payer du personnel pour « tenir » la présence pendant le salon, etc. sans compter le coût pour le visiteur : le déplacement, le mauvais moment…

On peut me rétorquer qu’il y a toujours les problèmes de perception : le toucher, le goût, l’odorat… Vous pensez réellement qu’il n’y a pas de technologie qui sont en train de se mettre en place dans ce domaine via les réseaux ? Je parle toujours d’avenir. Pas de demain, ni dans 6 mois !

Second point : les conférences ! Désormais, la norme devient de relayer la conférence sur le net en streamline. On peut peser le pour et le contre : est-il nécessaire de se rendre sur place ? En supplément, l’interactivité depuis Internet devient monnaie courante…

Pour ma part, je fais vite mon choix en général et l’offre est beaucoup plus large (et complémentaire sur la toile que dans les salons, surtout si c’est l’exposant qui a payé pour faire une conférence !)

Le dernier point, la rencontre humaine ! Je pense que les organisateurs de salon n’ont pas encore compris l’émergence, le potentiel et la valeur des rencontres comme celles que nous organisons beaucoup simplement au travers des médias sociaux… Je pense aux rencontres Blog en Nord, au Yulbiz, à l’Open Coffee, au café des community manager, au c@fé des sciences… Il n’y a rien d’institutionnel ni de récupération dans ces rencontres… et pourtant ! Vous avez déjà remarqué leur succès ? Cette suite « logique » des médias sociaux dans la vraie vie, vous laisse indifférent ? Pas moi.

Le public commence à comprendre l’intérêt du réseautage qui peut s’établir dans de tel rendez-vous ! L’avenir est là, sans discours officiel pré formaté ! Pour le coup, je connais peu de structures organisatrices d’événements qui soient “ placées » dans le domaine !

Pire peut-être. L’argument de la rencontre dans les salons professionnels tend à disparaître !

La course en avant vers : toujours plus de propositions, d’incitation à voir telle ou telle conférence… dans un temps mesuré, fait que les personnes se déplacent pour assister à tel ou tel événement dans l’événement, sans rechercher à rencontrer leur pair ! Le mot pair n’est pas employé ici par hasard ! C’est l’une des composantes principale du Web 2.0 et les organisateurs de salon en sont loin !

D’ailleurs, à la réflexion, je me dis que c’est aussi ce qui fait le succès d’événements comme Ludovia ou des journées du contenu web ! Ce sont des endroits où l’on prend du temps, son temps !

Pourtant, comme me le confiait, ces derniers jours, une participante de Ludovia de l’année dernière… «On a l’impression de ne pas travailler à Ludovia. On a l’impression que la vie est cool et l’on s’aperçoit une fois rentrée que nos journées de 9 h du matin à 2 h du matin sont remplies pendant une semaine. Toutes les rencontres « officielles » et « non-officielles » sont très riches.»

Je pense que les 2 Éric que nous sommes, organisateurs de ces événements avons déjà certainement sans le vouloir retranscrit dans nos événements une grande part du web 2 et des médias sociaux dans la réalité (IRL comme diraient les geeks 😉

Je pourrais continuer la liste des exemples encore pendant longtemps. Ils sont très (trop) nombreux. Je m’arrêterais juste sur le métier de secrétaire, pardon, comme il a déjà commencé à évoluer : d’assistante ! Je vous pose la question : «qu’est ce que vous aller donner à faire à votre secrétaire assistante demain ?»

En complément, hier, lors des soutenances de M1, nous évoquions les ePub, et de penser que les livres demain ne seront pas simplement du texte, même parfois pour les romans ? Écrire ne suffira plus !

Et puis, comme pour confirmer mes propos sur ces évolutions de nouveaux métiers émergent ! Enfin, non, on nous fait croire que de nouveaux métiers apparaissent ! Des exemples : community manager, curator… Pour moi, ce ne sont pas des métiers, mais des fonctions d’un poste, autrement dit des compétences (tiens, on y revient !)

Lorsque j’évoque cette évolution en marche… Je prends souvent l’exemple de l’apparition de la PAO que j’ai vécu du bon côté dans les années 1980 ! Je perçois les mêmes réactions de la part des entreprises, de la manière dont se développent les formations pour le but de pouvoir dans l’urgence aux postes de paoïste… (cela fonctionnait tellement bien que tout le monde voulant se faire de l’argent sur le dos de ce nouveau métier, nous sommes arrivés rapidement à une « surpopulation » de spécialistes qui restaient sur le carreau !)

Vingt ans plus tard, je n’entends plus parler de paoïste mais de graphiste, de maquettiste, de metteur en page… des métiers qui existaient avant l’arrivée de la PAO. Des métiers qui ont évolué, qui se sont transformés. Des métiers dans lesquels on a injecté des compétences sur les outils informatiques.

Dans cette comparaison PAO – évolution des métiers actuels, j’insiste (trop) souvent sur le fait que les entreprises dans le domaine de l’imprimerie, de la création print qui n’ont pas pris le virage à l’époque malgré leur discours : «Tu sais gamin (j’avais une vingtaine d’années 😉 le temps que cela change on a le temps !» sont aujourd’hui disparu depuis « très » longtemps ! J’ai peur qu’il en soit de même pour les entreprises (ou des branches d’activités — un exemple, les commerciaux ou des secteurs d’activités) qui ne prennent pas conscience de l’évolution de notre monde.

Je me demande toujours pourquoi personnes, entreprises et institutions vivent avec une vision prospectiviste à moins de 6 mois, 1 an maximum… La peur de l’inconnue ? la peur de perdre son métier ?

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