Nos informations dans Facebook et les autres

Ce matin, j’intervenais dans les débats du matin sur France Info au sujet des informations dans Facebook en compagnie de Yann Padova (Secrétaire Général de la CNIL), le tout animé par Raphaëlle Duchemin.

Vous pouvez écouter le podcast de l’émission car il est en ligne (même si je n’arrive pas à le lire) 😉

Comme j’avais préparé un peu cette intervention, je vous fait profité de mes réflexions sur le sujet : Facebook et les informations des internautes. Évidemment, mon rôle était de défendre Facebook. J’avais l’intention de montrer que Facebook n’est pas le seul « danger », qu’il ne faut pas le diaboliser et qu’il faut éduquer les internautes !

Avec 6 700 000 utilisateurs début 2009 (contre 1 280 000 en février 2008) la progression de Facebook continue. Comme nous nous le disions avec Alban (co-auteur de Facebook on s’y retrouve), depuis un an Facebook est toujours d’actualité. En France, 19% des internautes sont inscrits à Facebook !

Concernant la propriété des données, je pense que Facebook annonce tout haut ce que les autres font tout bas ! Et, concernant justement la crainte sur la conservation des données, Facebook est revenu en arrière suite à la pression des utilisateurs.

Mais, la réaction de Facebook qui a décidé de jouer l’ouverture chamboule pas mal d’idées reçus. Les premières propositions soumises à l’avis des utilisateurs concernent « Les principes de Facebook  » et la « Déclaration des droits et responsabilités » afin de clarifier l’engagement de Facebook et de ses utilisateurs vis-à-vis du service.

L’association Privacy International (organisation de défense de la vie privée) à d’ailleurs saluer le nouvel engagement de Facebook. Le directeur de Privacy International remarquait «qu’aucune entreprise à ce jour n’a opéré un tel pas en avant vers la transparence et la démocratisation».

Pendant ce temps, Privacy International donne un carton rouge à Google pour «une surveillance généralisée du consommateur» et parce que Google se montre «hostile à la vie privée».

Dans d’autres secteur d’Internet, où en sommes nous de la « conservation » des informations ? J’ai par exemple trouvé des sites de rencontres libertines ou d’hexibition qui gardent les images des années… 5 ans d’archives est courant, mais on trouve des archives qui datent de 2000 (9 ans).

La reconnaissance faciale sera bientôt disponible dans Google (je ne pense pas qu’elle se limitera à Picasa), et le « défloutage » des images ne devrait pas arranger les choses quand il sera disponible ! Les autres réseaux sociaux où les gens se lachent peut-être plus que sur Facebook ne sont jamais évoqué… Pourtant, j’ai lancé une alerte il y a déjà bien longtemps.

Le problème de Facebook ? Il est tellement « gros » qu’il fait peur ! Les individus ont peur devant un espace vierge ! Les réseaux sociaux et leur engouement n’existaient pas il y a une dizaine d’années ou si peu ! Le mur du mystère doit être percé.

En cela, l’arrivée de Facebook me rappelle la situation à l’arrivée de l’email ou, plus proche, l’émergence de Google.

Pour l’email, j’ai en mémoire les dirigeants d’entreprise qui voulaient contrôler l’ensemble des mails entrant et sortant de leur entreprise (tout lire :-). Qui prête attention à ce genre de détail aujourd’hui.

Du côté de Google, comme je le répéte souvent, qui se souvient de ce qui se disait au sujet du monste dans le début des années 2000 ? L’internaute à la mémoire courte 🙂

Le débat sur Facebook est un faux problème si l’on peut dire. L’internaute doit apprendre à être responsable de son contenu, de ces informations. D’ailleurs n’est ce pas la condition nécessaire pour intervenir et travailler dans le web 2.0 (média social) dont les maitres mots sont : interagir, partager et collaborer. Sous-entendu : interagir sur des contenus et des informations, partager des contenus et des informations et collaborer pour la création de contenu et d’informations !

C’est vrai que j’en ai un peu marre de la déresponsabilisation générale. J’ai beaucoup de mal à accepter qu’après avoir prononcé des menaces de morts à Morandini, pour simple excuse, on dise : «je ne savais pas». J’aurai tendance à trouver normal la vidéo de YouTube sur un vendeur indélicat et tant pis si cela le suit, il faut savoir ce que l’on fait (au passage les entreprises pourraient faire elles-mêmes le ménages… )

Dans le reportage d’Envoyé Spécial, le « scandale » est venu des deux jeunes filles. Mais, où étaient les parents ? Ils avaient démissionné ? Là encore j’entends souvent l’excuse, mais ils s’y connaissent mieux que moi. Ce n’est pas une raison suffisante pour laisser l’ordinateur ou maintenant le téléphone portable dans leur chambre ! De même, pour les personnes dans le secteur, les phrases du style : «mais ma fille (mon garçon) m’a dit qu’elle ne voulait pas d’un blog (un vrai), mais d’un Skyblog !» Désolé, mais pour un enfant de moins de 10 ans, ma réponse serait : c’est un vrai blog ou rien !

L’expérience Interdite par Facebook: J’ai besoin de vous!!! est également révélatrice. 254 000 membres cela laisse songeur lorsque l’on sait que le même texte existait en Anglais et qu’une société Canadienne vendant des Tee-shirt était derrière ! On se demande parfois si les internautes lisent le contenu des pages ou ne signe pas (cliquez pour dire, je rejoins le groupe équivaut selon moi à signer) sans lire !

D’ailleurs qui lit les termes & conditions d’un forum ? Faites le, vous aurez des surprises.

C’est assez amusant également de noter que laisser votre adresse postale ou son numéro de téléphone à Amazon gêne peu de gens. Alors que laisser des informations dans Facebook devient impassable. Quelle est la différence entre les informations laissées sur ses deux services ? dans les deux cas, c’est un usage commercial qui est fait de vos données ! Seule différence, mais qui est quand même de taille, dans Facebook, on vous demande vos orientations sexuelle ou politique (mais rien ne vous oblige à les indiquer), votre liste d’amis (ceux de la vrai vie ou vos amis virtuels ?)

Certains, dont Chris Jay Hoofnagle (directeur du Berkeley Center for Law & Technology’s information privacy programs and senior fellow to the Samuelson Law, Technology & Public Policy Clinic) oriente la réflexion sur l’existence de deux mode de pensée concernant la confidentialité en ligne. D’un côté, une tradition européenne pour le contrôle personnel de l’information depuis les années 70, de l’autre, une tradition asiatique, plus récente, qui met l’accent sur les dommages (la divulgation d’informations ne doit pas causer de tort à une personne).

Évidemment, nous sommes en plein débat sur l’identité numérique où les vendeurs de rêves vont se partager scandaleusement le marché !

Apprenez plutôt à gérer votre identité… On ne le répétera jamais assez, usez des classifications d’amis dans Facebook et remplissez vos paramètres de confidentialité. Encore une histoire de méconnaissance de la part des utilisateurs. Formons, éduquons autour de nous… et à tous les niveaux ! Dans les écoles, colléges, lycées (à quand un vrai programme de formation), dans les entreprises (les patrons ont été formés au web fin des années 90, ils en sont toujours là… Personne ne leur explique l’évolution du web ou si rarement !), etc. Et je reste persuadé qu’une vraie, grande émission de TV sur l’informatique et internert populaire serait des plus bénéfiques.

J’aurais pu reprendre le thème du changement profond de société, de la thèse que la vie privée est une histoire de vieux cons… 🙂

Ce que je regrette, de mon petit exercice de ce matin, ne pas avoir pu poser, au représentant de la CNIL, une question sur les précisions demandés à Facebook concernant la durée de conservation des données personnelles des membres de Facebook, les adresses IP traitées et, les adresses électroniques des personnes invitées par un membre du réseau social.

Promis, j’essaye de faire venir quelqu’un de la CNIL lors de l’acte 2 sur l’identité numérique organisé par Blog en Nord en octobre 🙂

D’ailleurs, j’aurais d’autres questions à leur poser 🙂 dont celle de la chasse aux pédophiles et autres prédateurs sexuels qui est confié aux utilisateurs eux-mêmes. Ce sont les utilisateurs qui doivent signaler aux webmasters les usages abusifs du site. Je pense évidemment à la face cachée de Flickr mais aussi à d’autres réseaux sociaux qui de se point de vue me paraissent plus dangereux que Facebook !

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