nomadisme, vous avez dit mobilité 2.0 ?

Comme je dois intervenir lors du Congrès Net 2008 dont la thématique est le nomadisme, il est temps pour moi de revenir sur le sujet du nomadisme et de l’usage nomade de nos moyens de communication, et principalement du Web nomade. Pour information, je prendrai la parole dans l’atelier Génération mobile 2.0. Venez nombreux 😉

Déjà, j’avais évoqué le sujet du nomadisme et de la mobilité lors d’une discussion en ligne avec Thierry Kein et lors d’entretien en privé (n’est-ce pas Arnaud) 🙂

Mais avant d’aller plus loin dans le débat, j’aimerais tenter de définir ce qu’est le nomadisme (mobile 2.0 😉 car je ne trouve pas de traces concrète d’une définition sur le net. D’ailleurs en 2006, Internet actu écrivait que le terme mobilité 2.0; cherche encore sa définition. La situation a peu évolué. Dans le genre, tout le monde en parle à sa sauce, il n’y a pas mieux ! Le début de la définition de l’encyclopédie Universalis accessible sans payer ou celle de Wikipédia sont seulement géographique ! Dans la version US, Wikipédia propose une page Mobile 2.0 😉

Alors, si je lis ici ou là, pour beaucoup, le nomadisme est le fait de pouvoir se connecter de n’importe où au réseau de son établissement (en l’occurrence une université dans la page que je consulte). Je pense que nous sommes loin de la définition du nomadisme, mais beaucoup plus proche de celle du réseau privé virtuel lorsque sont évoquées les connexions sans fil (WiFi par exemple) ou filaire au sein de l’université ; par contre, les termes de chez vous ou d’ailleurs évoque effectivement la notion nomade !

Je voudrais vous faire lire cette définition du nomadisme par Heinz Weinman (écrivain Québécois) dont j’extrais la phrase suivante : «Or, le nomade, pour se soustraire à cette fixation spatiale, vit selon des rythmes, des flux toujours changeants, imprévisibles, il temporalise son existence.» En effet, le web nomade recouvre selon moi deux entités fortement mêlées : les lieux et le temps. Je peux me connecter au Web depuis n’importe quel endroit à n’importe quelle heure dans des conditions satisfaisantes !

Pour ceux qui s’intéressent au Web nomade, je vous conseille également la lecture de la bibliographie Mobilité, nomadisme et TICE d’Educnet. On voit ainsi que le phénomène du nomadisme n’est pas nouveau puisque ce dossier date de 2004. Un séminaire de travail sur le thème « Tice et nomadisme » a d’ailleurs eu lieu en 2002 sur le sujet !

Comme l’écrit Arnaud dans qu’est ce que le web mobile, lors de notre discussion, je pense que sa vision du mobile 2.0 ou Web mobile qui se limiterait à l’usage d’Internet sur un téléphone portable est due justement à la présence dans les esprits de ces documents, de ces études du passé…

Nous avons été embourbé dans cette vision : web nomade, mobile 2.0 égal téléphone portable ! Mais, je ne le pense pas car cela est trop restrictif.

Le passage du web sur le téléphone portable n’est qu’une évolution de la communication : nous gardons le contact avec notre « communauté » et cela reste juste un moyen d’information. Les réseaux sociaux comme Facebook ne sont pas étrangers à cette perception.

Pour moi, la plupart des entreprises commettent l’erreur de penser à court terme en déployant des solutions partielles des contenus à destinations des portables, y compris avec les widgets. Une grosse recherche doit être effectué dans ce sens d’ailleurs et pour l’instant, j’ai trouvé peu de traces de la diffusion, du choix, de l’ordonnancement des informations en fonctions de l’évolution de ces supports. Je me trouve moi-même dans cette réflexion… Comment communiquer pour Ed Productions au sens large du terme à la fois sur le web et sur les nouveaux périphériques de communication !

De plus, focaliser sur le téléphone fait abstraction des connexions sans fil. C’est un peu comme si on disait, je peux communiquer à Internet seulement au moyen de mon téléphone portable !

Comme le reprend Arnaud, en effet, je pense que nous sommes déjà dans l’ère du nomadisme, le vrai… Le téléphone ne jouant plus que le rôle de périphérique pour l’ensemble des appareils électronique qui nous entoure. Nous nous baladons déjà tous avec notre téléphone portable et notre ordinateur portable ! Vous n’avez jamais rouspété car vous ne trouviez pas un point wifi pour vous connecter ? N’est ce pas les prémices justement du nomadisme. Le nomadisme, sous-entend la possibilité pour toute personne mobile de pouvoir utiliser son environnement de travail personnel quel que soit l’endroit où l’on se situe.

Un bon exemple. Avec Lionel, nous expliquions sur l’espace Web 2.0, que notre bureau était notre ordinateur, à partir du moment où nous obtenons une connexion internet. Le terme bureau prend ici toute sa valeur. Ce n’est plus un lieu physique mais un objet ! En prolongement, nous pourrions dire que notre bureau est Internet ! Donc le simple fait de se connecter à Internet permettrait de rejoindre notre bureau quel que soit l’endroit où nous nous trouvons. Il n’était nullement question de téléphone !

Comment cela risque de se décliner ? Notre vision des usages d’Internet et des autres média doit être tout autre. Faisons table rase du passé (enfin, presque 😉 et projetons nous dans quelques années.

Premier constat, nous aurons des ordinateurs vides (sans disque dur et donc sans logiciels dans nos ordinateurs). Comme le remarquait en privé un éminent membre de Capitaine Commerce, c’est le retour des mainframes et des terminaux. Nous sommes passé d’une période où nous avons voulu nous débarrasser de l’existence des postes clients… pour en revenir à cette solution d’informatique centralisé ! C’est également une piste de réflexion pour l’avenir : big brother… 🙂

La communication en ligne sera possible de partout… soit par Wifi, soit par des lignes électriques, soit par les satellites… Le monde entier sera effectivement connecté à Big Brother (tiens, on y revient 🙂

Les télévisions hertziennes seront abolies. Place aux télévisons depuis Internet. D’ailleurs, est ce que les chaînes que nous connaissons actuellement auront encore des raisons d’exister ?

Nous pourrons créer nos propres programmes que nous compléterons d’information en live sur le net. Imaginez vous pouvoir regarder un film. Tout à coup, il est fait référence à une personne, un lieu, un événement particulier. Hop, je zappe pour consulter le net (le site du film par exemple) pour obtenir les informations voulus avant de reprendre le visionnage de mon film.

Autre réaction qui sera considérée comme normale, lors du journal télévisé (ce peut être également le journal radio), je souhaite obtenir la version des autres médias. Pas de problème, d’un clic, je peux aller lire, écouter ou voir ce qui est dit avant de reprendre la « lecture » de mon journal.

Les photos dans les cadres qui décorent vos murs n’échapperont pas à la règle. Mes parents n’arrêtent pas de réclamer des photos de leurs petits-enfants. Oui, mais jusqu’ici la contrainte était d’obtenir un tirage papier, aux bonnes dimensions. Si je me place dans le futur, il sera évident que lorsque je prends une photo, je peux dans la minute qui suit l’envoyer vers le cadre numérique qui orne le mur du salon de mes parents. L’image de leurs petits-enfants est constamment mise à jour ! À moins qu’ils ne préfèrent afficher une vidéo, avec ou sans le son, des dernières aventures de leur descendance 🙂 D’autres objets deviennent multimédia, les cadres d’images ne sont qu’un exemple.

Avec ces cadres muraux, nous pénétrons dans le domaine de la domotique. Autre frein actuel qui empêche le déploiement complet de ces nouvelles technologies.Mais, une fois la domotique acceptée, vous pourrez consulter facilement le contenu de votre réfrigérateur depuis le super marché (à moins qu’en fonction du contenu moyen de votre frigo, une liste ne soit proposée en direct !), tout le monde pourra régler le chauffage de sa maison, la température de ses pièces, etc. à distance ou mettre en route la cuisson du rôti installé dans le four. Il sera cuit à point à votre arrivé… Je passe sur la fermeture des volets, etc.

Pour atteindre tous ces buts, le matériel doit encore évoluer. Nous n’en sommes qu’à une étape : principalement celle de la séparation du téléphone et de l’ordinateur. Les uns et les autres ont des usages différents.

La tendance, qu’on le veuille ou non est la convergence d’une multitude d’appareils en un seul ! Imaginez que vous avez en main un ordinateur qui fasse à la fois téléphone, caméra, appareil photo… Les principaux problèmes actuellement qui empêchent encore le transfert sont le clavier (et la navigation) et l’écran.

Comme vous le savez, j’utilise des Macintosh 🙂 Toutes innovation dans les systèmes Mac me font toujours poser la question : pourquoi ont-ils fait ceci ou cela. Aucune des innovations sur le mac n’est anodine. Ne pensons pas que les constructeurs n’ont pas de vision à long terme 🙂 (Voir le billet Internet 2 à notre porte et notamment la vidéo des années 80).

Prenons un exemple concret. Dans le dernier système OS X, une nouvelle manière de naviguer dans les dossiers du Finder est apparue sous forme de Cover Flow.

Cela ne vous rappelle rien ? Mais si voyons. Prenez un Iphone et regardez ce qui se passe. Des bruits ont couru que les prochains portables Mac seraient sans trackpad.Cela me paraît évident que prochainement, effectivement, les trackpads disparaîtront ! De même pour le clavier qui sera remplacé par un clavier sur l’écran. En conclusion, un ordinateur sera un écran et de fait, tout écran avec l’évolution des techniques deviendra ordinateur : la télévision par exemple !

Si l’on suit ma démarche précédente, tout écran étant connecté à Internet, depuis n’importe quel écran, nous pourrons nous connecter à notre espace de travail, de jeux… !

Le souci actuel concerne ces écrans (et c’est sur ce point que beaucoup de personnes en reste sur la distinction téléphone/ordinateur), la taille de l’écran des téléphone portable est petite ! Un ou deux post-it comme je l’indiquais dans un billet précédent sur le micro blogging !

Mais là encore, je parie sur l’apparition de nouvelles formes d’écrans dans un proche avenir. Dans les nouveaux objets dont je parlais précédemment, de nouveaux types d’écrans beaucoup plus grands facilement transportables devraient apparaître. Même à un moindre degré, le fait d’avoir la possibilité d’utiliser n’importe quel écran actuel de toutes tailles à notre disposition en liaison avec son téléphone/ordinateur portable (ce qui devrait être l’étape intermédiaire) permet d’être constamment connecté à son réseau, à son activité… Le téléphone reprend sa fonction de « modem » en complément de ses autres nouvelles activités.

Bien sûr, il ne faut pas exagérer. Pour l’instant, je vois mal une personne passer sa commande en indiquant son numéro de carte bleu dans le métro… Mais quand j’observe ce qui se déroule dans le train, l’ordinateur est une extension de leur bureau pour certains, même s’ils ne peuvent pas communiquer aisément avec internet (hormis ceux qui possèdent une connexion via leur téléphone !).

Oui, nous avançons à grands pas dans la mobilité 2.0 (le nomadisme) et nous pourrons rester connecté au web quels que soient nos déplacements et notre position. Reste à définir l’usage que nous aurons de ces nouveaux outils mis à notre disposition en fonction du lieu, de l’heure, de notre état d’esprit… Est ce que l’enseignant assurera un cours en live depuis la voiture qui le conduit au sport d’hiver par réseau interposé ? Cela choquerait aujourd’hui. En sera-t-il de même demain ?

Quid des salles de cours et de l’aménagement des locaux ? Le travail en grand groupe, en petits groupes, dans des salles banalisées ou chacun se déplace avec son ordinateur dans une salle de cours, au centre de documentation, à la cafétéria… pour le cadre de l’éducation ou de la formation, mais identique dans le monde de l’entreprise, y compris lors de réunions chez le client !

Toutefois, malheureusement, nous n’en sommes pas encore là.

Je garde en mémoire par exemple mon déplacement à Boulogne sur Mer la semaine dernière… J’intervenais dans une société, dans une zone industrielle et la connexion wifi de l’entreprise était verrouillée.Pourquoi offrir un accès à ce formateur que l’on ne connaît pas. Lors d’une conférence à l’université, Thierry avait réagi à l’époque !

Et que l’on arrête de donner une vision restrictive du nomadisme : que les universités et les entreprises arrêtent de parler de nomadisme dans leur établissement. Ce n’est pas du nomadisme, c’est simplement du réseau 🙂 Que le monde de la téléphonie mobile arrête de nous faire croire qu’ils sont les seuls acteurs qui permettent d’être nomade. Le web nomade s’ouvre à nous…

Je veux pouvoir communiquer et garder un contact avec mon bureau quand je suis chez mes parents (pas de connexion internet chez eux), lorsque je suis dans ma maison de campagne (je n’ai pas de connexion internet depuis chez moi), lorsque je suis sur les pistes de ski ou sur la plage, dans un pays étranger…

Ceci n’est qu’une partie de ma réflexion sur l’avenir du web nomade, de la mobilité 2.0, du mobile 2.0, du nomadisme… (avec toutes les variantes avec ou sans 2.0 en attendant celles avec le 3.0 😉 par exemple, je n’ai rien dit sur la géolocalisation… mais on va déjà me reprocher d’être trop long, alors ce sera pour une autre fois ou lors de ma prestation à Net 2008 😉

Quelques liens pour compléter votre vision du nomadisme web mais attention aux déformations de la perception

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