Les définitions du web 2.0

Excusez du terme, mais je dois être « con ». Malgré que je traîne dans le milieu de l’informatique depuis 20 ans, que je navigue dans le monde d’Internet depuis une dizaines d’années, excusez-moi (pourquoi je m’excuse ?) mais je ne sais toujours pas ce qu’est le web 2.0. Inconcevable pour un enseignant, une formateur spécialisé dans Internet. Je comprends vos réactions. Mea culpa. Et faute avoué à demi pardonnée.

En plus, voilà t’y pas que les blogs qui ont tendance à m’influencer parlent web 2.0 (Blogokat, Brich59… J’arrête là ma liste car elle remplirait la page 😉 Pardon pour les autres, mais ces deux blogs sont en haut de mon agrégateur :-).

Je me dis : «Garçon, il serait temps que tu t’y mettes, tu pourras ainsi répondre à tes futurs étudiants.» Donc, je vais vers la solution de facilité, je google 🙂 —Ben, oui, c’est dans le dico anglais, pourquoi pas le conjuguer dans le français maintenant ? Donc, je google :«définition du web 2.0»… 56 300 000 réponses. Je savais le sujet à la mode, mais quand même. J’ai vraiment du retard. Bon, j’vais réduire aux pages en français… Ouf, plus que 1 100 000 de pages. Encore un petit effort, juste pour voir. Y’a quand même 10 200 pages pour l’expression « »définition du web 2.0″» et là, commence une lecture édifiante. Aucun site n’est capable de fournir une définition du web 2.0 🙁

Je vous les livre dans l’ordre de Google (sans reparler des sites mentionné dans un autre billet) :

  • WebRankInfo indique comment indexer des sites basés sur le web 2.0 dans les moteurs de recherche, parle beaucoup d’AJAX (Je reviendrais sur celui là un de ces jours s’il existe encore) avant de nous livrer la synthèse de Kesako :
    • D’un côté, il est vu comme le basculement des techniques vers des services, de l’autre il représente un nouveau réseau d’interaction sociale. Dans les deux cas pourtant, il replace l’utilisateur et ses relations avec les autres.
    • Concept technologique pour les uns, évolution fonctionnelle du Web pour les autres, vaporware marketing pour d’autres encore…
    • Le web 2.0 est une plate-forme d’innovation qui fait en quelque sorte du web un système d’exploitation.
  • Fred Cazzava est second de la liste pour une première définition. Là, j’apprends que les avis sont partagés. D’ailleurs Fred nous propose la définition de Wikipedia mais n’est pas complètement satisfait de cette version, car il trouve que «le web 2.0 est pour l’instant une notion un peu fourre-tout». Il tente ensuite de manière fort satisfaisante (même si je n’approuve pas tout) d’étudier les motivations de ceux qui essayent de construire le web 2.0. Il se pose également la question de savoir si c’est une révolution ou une évolution (je penche pour cette deuxième solution). J’adore son image de l’analogie entre le web 2.0 et les pellicules photo APS qui reste une pellicule photo (et j’ajoute qui marqua le chant du cygne de l’argentique, car les numériques firent leur apparition). J’aime cette image malgré les rétractations de l’auteur.
  • Expressions.be propose l’article de O’Reilly au sujet du web 2. 0 résumé pour les fainéants… auquel il ajoute un commentaire personnel : «le Web 2.0 est un concept marketing !» et un peu plus loin, parlant des 16 pages de l’article : «On est dans la description d’une tendance.» C’est pas encore dans ces pages que je vais trouver ma définition. Regardons quand même les pistes : le web comme plate-forme, le concept du « The long tail », être un activateur social, RSS comme méta web, l’importance des données, des outils qui restent en version bêta pendant des années, penser syndication et pas coordination, le logiciel n’est plus lié à une machine, l’expérience utilisateur enrichie. Ouf, paraît qu’on n’est pas obligé de respecter tous les principes pour être estampillé Web 2.0 🙂
  • davduf lui aussi nous propose la version de quelqu’un d’autre comme tentative de définition du web 2.0, celle d’Edward Bilodeau traduite en Français par omacronides.com : «Les utilisateurs fournissent les données (qui appartiennent ensuite à la compagnie), les métadonnées (qui appartiennent ensuite à la compagnie), construisent l’application (qui appartient ensuite à la compagnie) et payent la compagnie continuellement pour avoir le droit d’utiliser l’application qu’ils ont construit pour accéder et manipuler les données qu’ils ont fournit.» Ce n’est pas engageant 🙁
  • xmlfr.org donne deux définitions du web 2.0 dans un mini-dossier intitulé web 2.0 : mythe et réalité (tout un programme). Dans la première, qui n’est pas une définition en tant que telle, on apprend que le «Web 2.0 n’est pas un standard mais plutôt une série de principes d’utilisation de technologies existantes», que «le Web 2.0 est un concept flou qui regroupe un certain nombre de tendances et chacun semble en avoir sa propre définition comme on peut le constater devant la foison d’articles décrivant ce qu’est le Web 2.0». (Ce flou artistique concernant le web 2.0 existe toujours, le dossier a été écrit en décembre 2005). Ensuite, toujours dans sa première définition et comme beaucoup d’autres, nous avons le droit à des définitions issues d’autres sources, notamment celle de la version française de Wikipedia. Attention, ce n’est pas la traduction de la version anglaise… Plus loin dans le dossier, une autre définition, celle de Paul Graham : «Le Web 2.0 c’est utiliser le web comme il a été conçu pour être utilisé. Les « tendances » que nous distinguons sont simplement la nature inhérente du web qui émerge des mauvaises pratiques qui lui ont été imposées pendant la bulle Internet».
  • itr manager suite à la seconde édition de la conférence Web 2.0 écrit «Il est même devenu urgent de délimiter l’étendue du terme « Web 2.0 » déjà très débattu, les uns le considérant comme le nouveau buzzword marketing à la mode et lui prédisant une disparition précoce sous les quolibets, les autres comme l’alpha et l’omega des nouveaux modèles de développement du Web. C’était là le thème fédérateur de cette conférence « Web 2.0 », version d’octobre 2005.» (Je crois savoir de plus en plus aisément où je me situe). Puis l’article continue par une présentation des arguments de Tim O’Reilly (voir un peu plus haut). Bon, je retiens quand même que l’utilisateur, tout à la fois consommateur et producteur d’information est au centre du Web 2.0. Visiblement, cet article à une suite mais où ?
  • Avec le.web.2.0.googlepages.com, je me dis que je vais enfin la trouver ma définition… C’est que j’arrive déjà en bas de la première page de Google, moi. Alors, pensez bien, un site consacré au web 2.0, ils doivent savoir de quoi ils parlent. Patatrac. «Le Web 2.0 ne peut être résumé à une technologie ou une technique, c’est un ensemble de bon procédés qui suivent une évolution logique du Web. C’est une notion (un concept) qui n’a pas vraiment une définition mais plusieurs.» Enfin, il paraît que l’on peut résumer le concept Web 2.0 en deux aspects : l’un qui est technique (interfaces enrichies) et l’autre qui est plus lié à la communication et le partage (partage d’information, diffusion d’information et marketing viral). Grande découverte : les internautes deviennent acteurs, c’est cela la philosophie du Web 2.0 ! Après le village mondial, les acteurs… :-((
  • La page publié le 20 juin dernier, parle de nouvelle définition ?… Et, attendez, j’ai pas encore une seule et unique définition que l’on parle déjà d’une nouvelle. Je comprends rien, moi. Ah tiens, ils ont eux aussi effectué une petite recherche qui leur a permis d’obtenir une multitude d’explications 🙂 J’suis pas le seul alors. Cela rassure. La définition de wikipédia y passe, celle de 01Net et là, oh surprise… je fais du web 2.0 sans le savoir depuis presque 2 ans… «tout le monde s’accorde à dire que la meilleure représentation actuelle du Web 2.0 reste les blogs.» Enfin, relativisons, tout le monde… c’est les premiers qui le disent dans mes lectures de ce soir. Tout cela pour parler dans leur billet de « l’affaire Ouriel Ohayon » 🙁 En plus, moi qui pense que le blog et ce que cela représente est déjà dépassé, doit-être au web 3.0 alors.

Tournons la page

  • Le web 2.0, promesses et enjeux, tel est le titre de la présentation en ligne sur le web 2.0 que l’on trouve au sommet de la deuxième page de ma recherche Google. En préambule aux 14 écrans de présentation, il est indiqué : «Il n’y a pas de vérité définitive sur le sujet» et «les avis divergent selon les intervenants». Toujours pas de définition ici.
  • Enfin, me dis-je, une définition personnelle du web 2.0. Peut-être vais-je y voir plus clair ? Mais, là encore, déception. Je lis que «les sceptiques donnent de moins en moins de voix». Je pense qu’avant d’être un tant soit peu sceptique, il est nécessaire de savoir de quoi l’on parle et je n’arrive toujours pas à le savoir. Mais, voilà la phrase qui sauve tout : «le web 2.0 peut être ambiguë et difficile à expliciter». Mais ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément avait écrit Boileau. Enfin ! Voici la définition proposée par JB Boisseau :
    • à la base, la phase de consolidation (comme dans toute révolution industrielle) de l’ère Internet : la bourse qui repart, des budgets qui se débloquent, des acteurs (dont quelques emblèmes) qui innovent, les infrastructures qui se déploient et augmentent les possibilités (en terme d’audience, de performances, et d’opportunités)
    • du coup, les usages entrent dans une nouvelle phase : une phase de maturité dans laquelle les utilisateurs peuvent se réapproprier le web. Ils cherchent, achètent, publient, discutent, téléchargent…
    • un cercle vertueux est alors en place : le public est satisfait => les innovations rapportent de l’argent aux investisseurs => les investisseurs débloquent plus de fonds => les innovations se multiplient => le public est satisfait
      On se croirait dans un monde parfait. Le développement de la culture en parallèle me fait déjà grincer des dents à certains mots évoqués : innovation, participation, ouverture, le web en tant qu’univers, standards du web, sympathie pour l’open-source, jeunesse, souvenir de l’éclatement de la bulle ! Je ne comprends pas la conclusion… Je dois être fatigué. «le Web 2.0, c’est la culture Google»
  • Yades’ Blog revient sur l’origine du terme dans un discours très financier : «les nouveaux modèle de revenus seront innovants et basés sur le partage des contenus par syndication».
  • Dans l’interview de Pierre Chappaz (Wikio) dans le JDN, le journaliste abonde dans mon sens :«Un concept tellement mis à toutes les sauces que l’on s’y perd». Je résume la définition proposée : le concept de Web 2.0 regroupe l’intervention des utilisateurs dans les services Web (des sites beaucoup plus interactifs, aux utilisateurs actifs qui contribuent au contenu) et un changement technologique (Ajax, et la navigation par tags par exemple).
  • Christophe écrit : «se passe t-il vraiment quelquechose ? N’est-ce pas qu’une impression très subjective d’accumulation de petites nouveautés hétéroclites et sans cohérence, fruits du travail solitaire de quelques informaticiens en mal de reconnaissance ?». Plutôt que de donner une définition formelle du Web 2 .0, Christophe propose «de le cerner en décrivant deux services en ligne qui s’en réclament et peuvent être utiles au veilleur.» car une définition est trop épineuse. Je ne corrobore pas son point de vue comme quoi l’un des principaux arguments des opposants à cette terminologie est justement cette définition. Il est bien trop réducteur. Certains, selon Christophe, y voient un terme venant «naturellement» recouvrir une réalité existante, mais d’autres, souvent des informaticiens, n’y voient qu’un nouveau concept marketing générateur d’une bulle dont l’avenir ne manquera pas d’être aussi funeste que celui de la précédente. J’aurais plutôt tendance même si je ne suis pas informaticien à faire partie des autres…
  • Observatoire du synapse pays de la Loire qui s’est penché sur la question et propose un dossier, nous pour définir le web 2.0, deux approches se complètent : l’une centrée sur les usages sociaux et l’autre focalisée sur les technologies. La définition de Wikipédia est reprise ainsi que celle de Richard MacManus (Web 2.0 Explorer) : «Le web 2.0 est social, est ouvert (ou il le devrait), il vous laisse le contrôle de vos données, il mélange le global au local. Le web 2.0 correspond à de nouvelles interfaces – de nouvelles manières de rechercher et d’accéder au contenu. Le web 2.0 est une plateforme – et pas seulement pour que les développeurs créent des applications comme Gmail ou Flickr. Le web 2.0 est une plateforme prête à recevoir les éducateurs, les médias, la politique, les communautés, pour pratiquement chacun en fait ! Le web 2.0 c’est tout cela et ne laissez personne vous dire que c’est l’une ou l’autre de ces définitions. Le web 2.0 parle des personnes, quand le web descend à eux.»
  • La définition du web 2.0 de Kevin Rose (créateur de Digg.com ) est donnée dans une interview à ZDNet : «le web 2.0 possède de nombreuses facettes à la fois techniques et sociales. Pour moi, la plus importante est la collaboration d’une large communauté d’utilisateurs. Ce modèle est au cœur des stars du web 2.0 telles que Flickr, Del.icio.us et Odeo, qui réunissent les internautes autour d’une thématique et leur donne les moyens de collaborer. L’idée de changer la nature du web 1.0 est très excitante. Nous passons d’une Toile «à sens unique» et en «lecture seule» à la construction d’une nouvelle Toile bien plus interactive, basée sur le partage et la collaboration.»

Me voici en fin de la seconde page des résultats sur ma recherche… Je pense que je peux encore explorer les liens vers de multiples pages, j’arriverai à un constat : la définition du Web 2.0 n’existe pas.
C’est un concept et je commence à comprendre pourquoi je n’accroche pas à ces notions développés un peu partout. Je reprends quelques éléments trouvé ici ou là qui semblent être l’essence même du web 2.0 : la publication collaborative, les usages communautaires et la notion de communauté d’utilisateurs, le partage de contenus, la personnalisation des services. Non, je ne peux pas accrocher.

D’accord pour la publication collaborative, par contre, je crois que je commence à faire des allergies à la notion communautaire… Arrêtons de rêver. Ne revenons pas à la sempiternelle illusion du web village mondial. J’ai l’impression quand je lis cela que personne n’a jamais vécu dans un village.

Arrêtons de croire que nous partageons réellement toutes nos informations sur le web. Je ne parle que du cas du web ici, pas d’intranet. Le sujet est différent, les approches sont différentes. Au passage, concernant ces communautés, j’ai l’impression que certains confondent vie à l’extérieur et à l’intérieur de l’entreprise. Ils voudraient nous faire vivre dans un monde qui serait structuré comme un grande entreprise… Big Brother n’est pas loin.

Soyons un temps soit peu honnête vis-à-vis de nous même et reprenons par exemple les termes évoqués ci-dessus. Je commence par la publication collaborative que j’aime bien pourtant. Mais réfléchissons. Lorsque vous participez, collaborez ! Est-ce anodin ? Vous connaissez beaucoup de personnes qui collaborent pour la gloire ? Moi, j’en connais. Oui. Mais elles ne sont pas nombreuses. Au passage, que deviennent les fabuleux réseaux sociaux dont on nous vantait tant les mérites voici moins de deux ans.
Pour les usages communautaires et la notion de communauté d’utilisateurs, je me suis déjà exprimé de nombreuses fois sur le sujet, l’une des dernière fois ici. Les communautés n’existent pas. Le partage de contenus lui aussi n’est pas bénin. Que partageons nous ? Des recettes de cuisine ? Bien sûr qu’en écrivant ce billet je partage des choses… mais lesquelles. Vous pensez que si je trouve la dernière technique super sophistiquée pour référencer mon site de manière imparable je vais aller le crier sur les toits, vous pensez que je vais livrer en pâture les dernières stratégies pour Ed Productions que nous avons temps de mal à préparer… Non, soyons juste nous partageons les informations que nous souhaitons partager… Ce n’est pas du partage pour moi. C’est du jeu d’informations. L’exemple du buzz marketing ou des diggs like en est une preuve parfaite. La personnalisation des services me pose problème tout comme les références à la bulle Internet, à la rémunération du Web 2.0. Là encore, ne nous cachons pas la vérité. L’argent est souvent le nerf de la guerre. Quant à la personnalisation des services cela me rappelle le discourt quelques années en arrière qui disait : « nous devons faire un site web pour chaque visiteur ! » et je ne crois pas que la fait de pouvoir changer l’habillage d’un site par exemple soit une grande avancée dans le domaine. Par contre, les systèmes d’e-commerce appliquent ces leçons. Mais n’êtes vous pas parmi les premiers à râler contre les coockies ? J’entends parfois les mêmes sonorités de discours concernant le web 2.0 que ce que j’entendais peu avant la bulle internet… Nostalgie, nostalgie quand tu nous tiens. La révolution Internet, c’est faite en plusieurs années… en douceur. La bulle internet, en quelques mois. Le web 2.0 en quelques jours (suite à la première conférence). Au niveau technologique, beaucoup de personnes pensent qu’Ajax c’est LA technologie d’avenir, mais voilà Fred Cazzava dans ces prédictions pour le second semestre 2006 qui nous dit que Ajax n’est qu’une transition 🙁

Et si le web 2.0 était en réalité à l’image d’Ajax, une transition. Mais, je viens de vérifier dans le dictionnaire des synonymes de Word, l’un des synonymes de transition est évolution. De là à prendre une évolution naturelle pour une révolution !
J’adore la conclusion de l’article dans WebRank Info : «Vous aurez compris que je ne saisis pas assez bien ce qu’on appelle le Web 2.0 pour vous le définir précisément, par contre il me semble que c’est un concept intéressant à connaître…». Je m’entendrais parler !

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