Le fosse enseignants – eleves se creuse de jour en jour sur Internet

Je n’avais pas prévu d’écrire ce billet aujourd’hui car j’ai toujours un billet intitulé Sans présence t’es mort ou mes devoirs de vacances depuis début juillet sur le feu (maintenant les vacances sont terminées et je dois aussi changer mon titre 😉 et l’on m’a demandé d’écrire un billet pour expliquer ma veille à l’aide de Twitter ou plus largement comment organiser et gérer l’ensemble des informations que je reçois et partage dans les médias sociaux…

Mais, il y a toujours un mais dans ces cas-là, ce lundi était assez singulier au niveau de ce qui se passe à la maison entre mes filles, ma femme et moi au niveau de l’utilisation de l’outil informatique et Internet, donc entre un enseignant, des élèves et un spécialiste du web !

Du côté des parents

Bon, ce n’est pas poli, mais je ne reviens pas sur l’utilisation à outrance que je fais d’Internet dans ma vie de tous les jours 😉 Je pense qu’il suffit de lire ce blog pour se rendre compte de mes pratiques, de mes usages… Je fais partie des pro « usages des nouvelles technologies en classe » (mais pas à n’importe quelle condition) 😉

Passons plutôt les membres de la famille en revue 😉 Premier pilier : ma femme. Enseignante en langue. Un pur produit de l’Éducation Nationale après ses études à Normale Sup. Après avoir été enseignante en lycée, elle intervient en cours « traditionnel » à la fac mais aussi en formation continue toujours dans le cadre de la fac. Elle travailla aussi dans le domaine de l’enseignement à distance (elearning). Vous vous dites. Normal… Ce sont deux accrocs à Internet.
Détrompez vous 😉 Ce midi, elle me demande de regarder sur son ordinateur, car elle a un problème dans Word ! Et là, devant l’écran que je me fais la réflexion qu’un jour je devrais planter son système 9 (oui, oui.. elle est sur Mac avec un système datant des années… J’vous laisse chercher !) qui ne peut plus rien lire d’actuel (dans ce cas, elle me demande de regarder sur l’un de mes ordinateurs après m’avoir dit qu’elle ne comprenait pas pourquoi cela ne fonctionnait pas sur le sien).

Ne la cherchez pas dans Facebook, dans Twitter… le web 2.0, les médias sociaux, les réseaux sociaux n’évoque pour elle que des technologies qui sont sur Internet mais elle ne sait toujours pas (ou presque) à quoi cela sert ! D’ailleurs, cet été, j’ai eu la surprise de l’entendre me dire qu’il faudrait que je passe une heure pour lui montrer ce que l’on peut faire avec ces outils-là !!!! Il est temps 😉 Mais depuis, j’attends que l’on se fixe un rendez-vous sur le sujet… Et puis, son ordinateur (un peu vieux lui aussi) ne supporterait pas ces nouveaux services (enfin, dans l’état actuel).

N’oublions pas que c’est une personne qui a quand même travaillé dans le domaine de l’elearning dans le cadre de l’éducation Nationale, au début des années 2000. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet puisque j’observais ce qui se passait. Petit détail qui a son importance, elle savait avant l’an 2000 rechercher une information dans les moteurs de recherche en indiquant un +, un – ou des «  » pour affiner sa recherche ! C’est pour cela qu’elle a été considérée pendant un temps par ces collègues comme une bête en internet :-))

Et depuis, son usage d’Excel pour calculer ses moyennes et remplir les tableaux qu’on lui fait parvenir, de Word pour préparer ses cours… ses connaissances de l’époque de la préhistoire de l’Internet lui suffise, selon ce qu’elle me dit ! J’ai beau lui expliquer les projets auquel je participe… Rien ne lui fait tilt ! Ah, si, depuis qu’elle est dans le monde Universitaire, elle échange avec ses étudiants par courrier électronique ! Mais, peut-être l’aurait-elle, elle si elle était resté en lycée ?

Bref, vous l’avez compris, j’ai un exemple typique à la maison d’un enseignant d’un certain âge (50 ans, c’est un certain âge, non) qui a évolué avec l’arrivé d’Internet mais qui a juste franchi ce cap et qui ne va pas plus loin.

Elle a dû lire moins d’une dizaine de billets dans ce blog. C’est déjà un exploit, car elle ne suit aucun blog… Comme quoi, l’adhésion aux nouvelles technologies n’est pas seulement une histoire d’entourage et puis, c’est bien connu, nul n’est prophète dans son pays 😉

Et les enfants

Passons aux énergumènes que certains nomment élèves, mes filles. Régulièrement, je vous parle d’elle et de leurs aventures sur la toile. Au passage, leurs exposés sur le Tour de France par deux enfants, en complément de notre voyage de cet été est au point mort car dès notre retour, les ordinateurs qu’elles utilisaient à la maison sont tombés en panne 🙁 et j’ai besoin du mien. Je ne parle pas de celui de leur mère 😉

Vous le savez certainement, j’encadre « l’éducation » au multimédia de mes filles :-)) On pourra y revenir une autre fois. Mais, ce qui est arrivé ce soir est révélateur du comportement des élèves d’aujourd’hui et de demain. Celle qui est en 5e avait terminé ses devoirs de mathématique, mais pour un exercice, nous ne trouvions pas de réponse. Sa mère avait cherché, j’avais tenté de trouver la solution… sans résultat. Je pensais : «pourquoi, ne pas poser la question dans Twitter !».

Par expérience, j’ai appris que parfois certains exercices sont un peu tarabiscotés, et j’étais peut-être passé à côté de la plaque. En plus, comme dirait l’autre, je ne me souviens pas de la leçon que j’ai peut-être eue sur les priorités de calcul sous cette forme. Enfin, les nouvelles calculettes reconnaissances les parenthèses et puis j’ai (re)appris comment cela fonctionnait en ce début d’année.

Bref, alors que j’allais saisir dans la barre d’url l’adresse de Twitter, j’entends une voix à côté de moi qui me dit :«Et pourquoi tu ne cherche pas par Twitter la solution ?» J’dois avouer que je venais de rechercher avec elle une éventuelle solution dans Google 😉

C’est ce que nous avons fait… Nous avons publié l’exercice dans Twitter et comme un buzz c’est rapidement propagé ! Ma fille riait aux éclats de cette recherche d’inconnus pour l’un de ses problèmes… et était joyeuse de voir que eux comme elle ne trouvait pas de solution 🙂 Je donnerai la solution que l’enseignant donnera demain (une erreur d’énoncé ?).

Maintenant, je m’attends dans les prochains jours à avoir une augmentation dans les demandes de ma fille pour poser la question dans Twitter dès le moindre problème 🙁

Le résultat

Tout était dit… En une seule journée, j’avais un résumé de la situation de l’école à la maison, le fossé qui sépare les enseignant des élèves. D’un côté un prof. qui évolue encore à l’époque du web des origines, en face, une élève qui connaît déjà l’intérêt des réseaux sociaux pour travailler, collaborer… !

Et que l’on ne vienne pas me dire que ma fille est plus douée dans ce domaine qu’une autre, je peux vous affirmer le contraire… même si, désormais, parfois elle explique à sa mère quelques manipulations ce qui pourrait donner l’illusion de sa connaissance d’Internet 🙂

Ce fossé, bien évidemment, n’ira qu’en s’agrandissant. Même si ma conjointe s’inscrit à Facebook, Twitter… le temps qu’elle s’habitue à ces outils, à ce nouveau mode de pensé… les jeunes seront déjà sur d’autres technologies : la réalité augmenté ou je ne sais quelle technologie de l’avenir qui remplacera ce que nous connaissons aujourd’hui. Et je ne peux que rejoindre l’analyse de Thierry Klein lorsqu’il dit dans La continuité pédagogique, la grippe, les grèves que «les barrières ne sont plus technologiques, mais se situent dans la force des habitudes, des usages établis. Il faut que les professeurs les intègrent dans leur quotidien

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