Le coût des formations

Alors que je lisais mon courrier en retard, un message attire mon attention par son titre : «Il faut baisser le prix des formations».

Je ne résiste pas… Je lis le contenu du mail. Le voici :
Les demandes de formation croissent, les budgets des entreprises n’augmentent pas
En ce début d’année les DRH voient le nombre de demandes de DIF croître alors que leur budget formation n’augmente pas. Cette tension sur les entreprises va induire une refonte en profondeur du marché de la formation : Alors que de nombreuses entreprises dépassent les contributions obligatoires pour le développement de la formation, elles arrivent tout juste à réaliser leur plan de formation. Avant la création du DIF, les plans de formation représentaient 200 millions d’heures stagiaires pour 9 milliards d’euros de dépenses. En théorie le DIF est susceptible de générer 320 millions d’heures de formation supplémentaires chaque année. Il n’est pas cependant imaginable que les entreprises voient leur budget augmenter de 14,4 milliards d’euro pour faire face à ces nouvelles dépenses.

Un lien m’invite à lire la suite sur le blog de savoirs pour tous où se trouve le billet de Bruno Fajnzilberg, directeur de Savoirs pour tous. Donc, jusque là vous avez compris, c’est la faute au DIF.

À la lecture de la suite, je ne peux qu’approuver la constatation que subsiste et se développe de nombreux organismes peu performants qui n’ont jamais investi dans l’amélioration de la qualité du service et la productivité.
C’est l’une des raisons principale du passage de mon activité de vacataire en centre de formations. Les centres qui font de tout n’importe comment, dans le seul but de vendre sont en effet légion. Par contre, ce qui me dérange d’avantage, ce sont les explications qui suivent : avec force catalogues, locations de salles, polycopiés et intervenants vacataires… Bruno Fajnzilberg parle des leaders du marché en ces termes.

Pourtant, nous pratiquons dans le cadre d’Ed Productions : la location de salles et les intervenants vacataires (pas les polycopiés). Nous avons en effet choisi ce modèle économique allié à Internet. Nous ne vendons que par ce biais. Est-il idiot ? Sommes nous un mauvais centre pour autant ? Comment sans vacation pouvons nous faire intervenir des personnes qui possèdent une double compétence : production et formation (nos formateurs), afin qu’ils soient confrontés aux problèmes réels rencontrés par le stagiaire ?

Pour ce qui est des catalogues, certains clients ralent car justement plus personne quasiment n’en délivre. Devons nous répondre à la demande du client ? Nous sommes avant tout des entreprises sur un marché concurentiel… et nous avons notre libre arbitre pour choisir ce qui semble être la meilleure démarche commerciale possible. Cela ne me gène nullement que des centres de formation possédent de gros catalogue si elles expliquent ou peuvent adapter le contenu des formations types aux différents clients. Dans notre proposition, si c’est un programme standard qui est proposé, il est toujours indiqué que ces programmes sont des cours standards qui peuvent être aménagés lors des formations intra.

La phrase suivante est contradictoire. Si l’on ne veut pas que les frais de déplacement, d’hébergement et de restauration représentent jusqu’à 40% des dépenses de formation, nous devons trouver des formateurs sur les différentes régions où nous intervenons. Donc, nous devons utiliser des vacataires. Sinon, cela reviendrait à dire que nous n’avons le droit de former seulement dans notre région 🙂
Oups, à la lecture de la fin de son article, il parlait du déplacement des stagiaires. Excusez moi, cela ne m’était même pas venu à l’esprit. Chez Ed Productions, c’est le formateur qui se déplace, y compris en outre-mer parfois.

Même si je suis d’accord, je ne comprends pas ce que viennent faire les remarques concernant les 3 jours au lieu des deux suffisants (pour notre part, nous essayons d’adapter la durée en général à la demande), ni le travail administratif nécessaire à l’organisation des formations.

Enfin, l’article se termine par les propositions d’amélioration de M. Fajnzilberg, auxquelles je n’adhère pas.

Les portfolio n’empêcheront pas de réaliser seulement la partie de formation qui est soit disant nécessaire. Comment devons nous réagir à une personne qui aura appris sur le terrain tel ou tel aspect de la formation ?

Prenons un exemple concret, nombreuses sont les personnes qui souhaite une formation Photoshop mais qui ont, selon leurs propres termes « bidouillés » au préalable sur l’outil ? Que veut dire nécessaire ? Je me rappelle que dans un passé pas si lointain, une formation d’initiation à Word ou Excel durait quatre jours… Maintenant qui pratique encore cette durée qui était pourtant nécessaire pour de l’initiation correcte ?

Qu’appelle-t-on initiation ? deux jours de formation à Photoshop ? Pour info, une agence de lille a suivi vingt et un jours de formation sur ce même produit. D’accord, ce n’était pas de l’initiation. Mais, pourquoi la formation Photoshop est passé de quatre jours dans les années 90 à deux jours dans les années 2000 ? Simplement, parce que les centres de formations « qui ne pensent qu’à l’argent, aux marges, etc. » (et avec eux les services de formation des entreprises qui voyait la réduction de la durée de la formation d’un bon oeil, car moins chère), les centres ont pensé « Marketing »… Si je vends deux jours. Je sais que c’est insuffisant pour une initiation sur ce produit. Mais, ce n’est pas grave. Nous avons l’arme secrète : le perfectionnement… De plus, certains ont poussé le vice jusqu’à organiser des initiations en inter, et les perfectionnements en intra… Seul petit problème. Nombreux sont les salariés dans ce type de situation qui disent : «j’ai déjà eu du mal à obtenir les deux jours, alors vous pensez bien un perfectionnement, je ne l’aurais jamais». Que l’on ne me dise pas que je force à la vente :-)) nombreux sont ceux étonné que notre formation Dreamweaver se déroule en deux jours.

Autre élément de réflexion : les formations inter-entreprises. Je reprend mon exemple de Photoshop. Comment peut-on dans une inter entreprise donner la même formation à des personnes qui travaillent sur le Web et à celles qui travaillent en prépresse ?

J’ai déjà réagi à la proposition sur les formations proche de chez le client. Notez que Bruno Fajnzilberg ne propose pas la solution de la formations sur site client. C’est celle que nous préférons car nous pouvons plus facilement travailler sur les documents finaux, le matériel… de nos stagiaires et notre politique de prix va dans ce sens : nous sommes moins cher chez le client qu’en centre. Ceci est lié à notre choix de modèle économique 🙂

Ouvrir l’accès à la formation aux heures et jours qui conviennent à l’entreprise me semble ambigu. Je préfère notre formule, que pratique à mon sens de nombreux centres : les dates sont définies d’un commun accord entre vos disponibilités, celles de nos formateurs et éventuellement notre salle de formation.

Arrêtons de donner l’illusion, comme de plus en plus d’entreprise le pense, que nous pouvons organiser, des formations de tout type, à l’heure… De plus en plus souvent, nous avons des demandes dans ce sens : demi-journée (que fait le formateur l’autre demi-journée), ou même, on nous demande parfois d’éclater la formation en 7 séances de 2 h, à prendre du jour au lendemain… pour information, comme beaucoup de centre, nos tarifs sont plus élevé lors des demi-journées de formations (environ 75 % du prix de la journée), donc l’effet escompter de réduire le coût tombe à l’eau.

Pour la proposition, homogénéiser les processus pédagogiques, les contenus et la formation des formateurs pour assurer la constance de la qualité tout en réalisant des économies d’échelle pourriez vous m’expliquer Monsieur le directeur car je ne la comprends pas… C’est vrai que je dois avoir un frein à ce sujet, car je suis opposé à la formation des formateurs…

Je ne sais pas si c’est le chèque formation pour le DIF qui résoudrait le problème. Un autre aspect de la question concernant ce DIF est que la recherche est bien souvent effectuée par la personne qui souhaite ce DIF, et je proposerais que ces personnes reçoivent une formation qui leur explique les subtilités de l’organisation des centres de formation… et qu’il ne sert à rien pour un DIF de 60 h de faire des demandes qui représentent 150 h incompressible de formation. J’ai encore eu le cas ces derniers jours.

Par contre, un grand regret… Pas une seule ligne sur le elearning 🙁

De plus, comme le fait fort justement remarquer Etienne Roger d’Exogene, bruno Fajnzilberg semble incriminer les centres de formation. Mais dans un premier temps ces formations devrait être considérées comme un investissement dans l’avenir pour les entreprises.

D’autres problèmes liés à ces coûts de formation proviennent peut-être aussi de certaines entreprises qui préfèrent utiliser des grands noms de la formation (pour qu’elle raison ?) plutôt que des « petits » centres. Par exemple, un jour on m’a demandé quelle était la différence de formation entre mon tarif de 4 à 5 000 F (excusez moi, c’est l’époque qui voulait cela) la journée et celle d’autres centres qui proposaient la même formation à 10 – 12 000 F par jour. J’ai eu beau expliquer à mon interlocuteur que c’était la même formation (j’ai déjà travailler pour le centre cité), son choix se porta sur les formations au prix plus élevé.

Je n’aborde même pas la notion de copinage, de réseaux… dans le choix du prestataire. Pour autant, la solution de l’appel d’offre n’est pas la meilleure non plus si l’on souhaite adapter la formation réellement au besoin du (des) stagiaires. Pourtant le prix aura baissé.

Ce qui m’inquiète également avec le titre provocateur du billet, c’est l’ouverture aux centres « qui ne pense qu’à l’argent » de faire chuter encore un peu plus les coûts des sous-traitants… Bientôt la sous-traitance en formation va devenir un véritable esclavagisme moderne…

Je ne crois pas M. Fajnzilberg que vos propositions soient les meilleures pour le libre accès au savoir et à la connaissance pour tous… Mieux vaudrait se pencher sur le cas des personnes hors entreprises : le particulier par exemple, car aucune structure n’existe pour eux ; de même, pour les personnes du 3e âge dans le domaine de l’informatique, et regarder du côté des stages « officiels » qui propose des prix bas (nous refusons les tarifs proposés) qui sont d’un tarif si bas qu’une formation normalement de 4 jours occupent 15 jours sinon un mois dans ces structures, etc.

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