Impact des réseaux sociaux sur les débats politiques ou de société

La crédibilité selon les intervenants... dommage les politiques n'y sont pas ! Quelle serait leur crédibilité ?

La crédibilité selon les intervenants… dommage les politiques n’y sont pas ! Quelle serait leur crédibilité ?

La semaine dernière, une étudiante en Master Commmunication et Médias de Nantes qui réalise un mémoire sur les réseaux sociaux et leurs impacts lors du débat pour le Mariage pour tous, mais plus largement sur l’impact des réseaux sociaux sur les débats politiques ou de société et la prise en compte par le gouvernement des « échanges » m’a posé quelques questions.

Au vu de ce qui vient de se passer ce week-end d’élection, je pense que cela apportera du grain à moudre à ceux qui veulent disserter sur le sujet 😉

Et comme toujours vos remarques et analyses sont les bienvenues 😉

Tout d’abord, en tant qu’expert Web 2.0 et réseaux sociaux, que pensez-vous de la mutation de nos sociétés, du format papier au format numérique (numérisation de la presse, de la télé, virtualisation des échanges entre individus…) ?

Pour les personnes de ma génération, celle des X et des baby boomers ce passage du papier au numérique est assez inattendue. Jamais en étant enfant, ni même au début de mes activités professionnelles, nous nous attendions à de telles choses. C’était pour nous inimaginable (d’ailleurs, certains n’ont toujours pas réussi à franchir le fossé du passage au numérique : le monde digital).

Par contre, détail intéressant, j’étais dans la mouvance de l’arrivée de la PAO (Publication Assistée par Ordinateur) qui était déjà une révolution dans le monde de la communication. Et, pour cette période, je me souviens également des errements de certaines entreprises ou de certaines personnes dans ces milieux. Les freins aux changements étaient les mêmes que ceux du passage au digital actuellement.

La grosse différence entre ces deux périodes (fin années 80 – début 90 et la période actuelle) est que la transition s’est réalisée sur quelques années pour la PAO, alors que le digital (format numérique) s’effectue sur la longueur avec de nombreux rebondissements qui ne sont pas près de cesser. Et il faudra bien qu’un jour les entreprises notamment, et par ricochet, le grand public, prenne conscience qu’elles vivent une révolution et qu’il faut en quelque sorte choisir son camp ! Pour l’instant, entreprises, grand public, ne répondent que par des solutions de replâtrage… Mais est-ce bien utile de replâtrer une jambe de bois ?

Y-a-t-il ou y aurait-il une explication à cela ?

Ce n’est pas une, mais plusieurs explications qui sont à l’origine de cette transition vers le tout numérique. La première est certainement l’arrivée de l’ordinateur et ses possibilités qui s’étendent désormais aux mobiles. Et, je reste persuadé que demain, on ne parlera même plus d’ordinateurs, mais simplement d’écrans qui nous entoureront partout au quotidien !

La seconde raison, très certainement avec l’arrivée d’Internet, la possibilité d’entrer en contact facilement (ou de maintenir un contact dans la durée) avec une personne quelle que soit sa position géographique (proche ou lointaine). D’ailleurs, c’est cela qui m’a fait comprendre l’intérêt d’Internet à mes débuts sur le réseau lors d’un voyage en Norvège, une rencontre m’a donné son adresse mail ! Personne ou presque n’en possédait à l’époque en France… J’étais l’une des exceptions avec ma connexion Compuserve !

La troisième raison que je donnerais est plus liée à l’arrivée du web 2.0 même si elle existait déjà depuis quelques années. L’internaute devenait facilement émetteur d’informations, mais ce que le web 2.0 a renforcé sinon mis en évidence, c’est la notion de pairs. Il a été assez rapidement évident que ce que nous pensions, nos manières de fonctionner, etc. d’autres personnes à travers le monde les partageaient ! Nous n’étions plus seuls !

Un autre aspect souvent minimisé pour les relations entre individus est la simplicité de maintenir le contact avec sa famille et l’ensemble de ses « liens faibles », chose qui était impossible auparavant. Il suffit de regarder autour de nous le nombre de personnes qui échangent entre cousins-cousines éloignées, la grand-mère qui Skype avec ses petits-enfants… les technologies sont simples à utiliser et à mettre en place comme l’était celle de prendre un papier et un crayon… Seulement, auparavant, nous devions trouver l’enveloppe, le timbre, aller porter sa lettre à la Poste, etc. Là, c’est d’un clic que s’effectue l’envoi… L’Homme est profondément fainéant par nature 😉 Et de plus, désormais, nous sommes dans l’instant. Plus besoin d’attendre la réponse si l’on veut !

Dernière raison que je donnerais, notamment pour la numérisation de la presse et de la TV (c’est particulièrement le domaine où se pose les replâtrages), les outils modernes sont de plus en plus adaptés à la lecture en ligne. Outre la réactivité et le point de vue du lecteur, le côté « buzz » sur un scoop, il est possible de répondre par ces outils à un regret de certains journalistes émettent de vouloir « compléter » leurs informations pour aller plus loin. Nous sommes dans le domaine de l’hypertexte, on a tendance à l’oublier. D’autres formats de reportages peuvent être mis en place également assez aisément comme des dossiers documentaires. De plus, l’information n’a plus obligatoirement besoin d’être figée. Elle peut évoluer et l’arrivée de l’Open Data indique également que les journalistes reconnaissent qu’ils ne sont plus les seuls à pouvoir traiter l’information. Une même donnée peut-être « travaillée » différemment.

Au aspect de cette question, il parait évident que désormais, comme on trouve « tout » sur son « ordinateur », il est normal d’y trouver son journal, sa télévision… De mon côté, alors que j’étais abonné à plus d’une quinzaine de revues, j’ai cessé tous ces abonnements, qui ont été remplacés soit par la version en ligne de la revue ou du journal, soit par d’autres sites… Idem pour la télévision. Pourquoi se contenter des programmes qui nous sont proposés alors que l’on peut très bien se créer sa « propre TV ».

Pour en finir avec l’information, je dis souvent que l’actualité se fait dans Twitter… car la plupart des journalistes y débattent et défendent leurs points de vue… Alors, pourquoi lire la gazette après 😉

Plus particulièrement maintenant, lors des débats politiques ou liés à la politique comme mon sujet sur le Mariage pour Tous, quels sont les mécanismes des réseaux sociaux pour recruter des followers ?

À la base, je ne pense pas qu’il y ait bien souvent de mécanismes spécifiques mis en place. Comme dit précédemment, les réseaux sociaux sont bâtis sur les pairs. Donc, « instinctivement » le récepteur d’une idée va se rapprocher de l’initiateur s’il « pense » la même chose. Peut-être plus que dans le cas du Mariage pour Tous, je trouvais cela assez révélateur dans « l‘affaire Dieudonné« . Ensuite, cela est semblable aux discussions dans la vraie vie, il y a les pour et les contre ! Cela revient à une opposition classique. La différence se situe au niveau de l’auditoire. Dans la discussion de comptoir ou celle en famille, le nombre de personnes est limité. Pas dans les réseaux sociaux. Facebook est le 3e pays au monde et Twitter le 4e. Ça fait du monde…

L’autre effet à prendre en compte est la crédibilité de l’intervenant le pair à certainement plus de poids que bien d’autres désormais. (voir en complément)

Cela donne l’impression que désormais, les réseaux sociaux sont devenus l’Agora de la démocratie. Je n’en suis pas certain… car, pour différentes raisons, tous les internautes ne s’y expriment pas ! C’est un moyen comme un autre de s’exprimer. Vous faites référence un peu plus loin à la loi sur l’IVG. J’étais encore jeune, mais pour le peu que je me rappelle, le seul débat qu’il y avait été celui de l’Assemblée Nationale dont la presse se faisait l’écho. La télévision nous fournissait les résultats des enquêtes… et la seule manière de marquer son approbation ou son désaccord était de participer à des manifestations.

Internet permet d’échanger et d’ouvrir ce type de débat, avec des bémols… Certains autres débats politiques ont été lancé par des partis politiques sous le couvert de personnes de la rue ! Donc, attention aux dérives qui sont trop rapidement franchies.

On sait depuis les Apéros géants de Facebook s’il en était besoin que le « peuple » sur Internet (donc, l’homme de la rue) à besoin de se rencontrer, de se retrouver… Attention, donc de ne pas tomber dans le piège de : cela explose sur Internet donc cela concerne tout le monde… Le Poujadisme parfois n’est pas loin !

Comment se fait-il qu’une majorité des échanges et débats aient eu lieu sur la toile ? J’aurais tendance de répondre : où peut-il se faire ailleurs ? En plus, je pense que les Français dans leur grande majorité ne se reconnaissent plus dans leurs élus (ce sont eux qui faisaient le débat auparavant pour la population). Mais, nous sommes loin d’une participation directe de la population.

Par contre, c’est indéniable que ces discussions et débats politiques sur la toile pourraient influencer les politiques. Mais, ces derniers sont sur une autre planète actuellement…

Et puis, méfions-nous de le pseudo influence, de l’impact réel… Les cas d’effets réels sont rares, même s’ils existent. Comme pour une entreprise qui communique via les réseaux et médias sociaux, n’oublions pas que ce sont elles (les entreprises) qui décident en dernier ressort, en prenant soin de dire : nous vous avons entendus (mais, c’est l’entreprise qui a pris la décision en tenant compte ou pas de ce qui a été dit en l’enrobant afin de faire croire à l’internaute que c’est lui qui a décidé !). On parle assez de marketing politique, de communiquants autour des hommes politiques pour avoir le recul nécessaire à ce genre de situation.

Plutôt que d’impact lors des débats, notamment pour le Mariage pour tous, je crois que les outils de réseautages sont plus utilisés non pas pour leur impact sur les débats, mais comme un outil de communication afin d’informer les uns et les autres… On n’est pas loin de l’opération de buzz qui consisterait à avoir la plus « grosse » quantité d’amis, d’abonnés… en le traduisant par j’ai le plus grand nombre de supporters ! Le but, l’intérêt et le résultat ne sont pas les mêmes. De plus, dans ce débat, j’ai l’impression que c’était plus une opposition pro contre anti de personnes passionnés ! Et pour ma part, j’ai eu beaucoup de difficultés à y voir un réel débat.

À votre tour de commenter, d’analyser… afin de donner un peu de matière supplémentaire à cette étudiante et pour animer le débat 😉

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