identite numerique : un mouton noir

Identité numérique, identité numérique…

Tout le monde à ces deux mots à la bouche actuellement. Ce n’est plus une réalité, c’est devenu une mode…

Comment, vous n’avez pas encore écrit, organisé, commenté… sur le sujet ? Vous êtes donc has been ! Si, si, je vous assure. Aujourd’hui, tout le monde se dit, croit être spécialiste de l’identité numérique.

Lors de la préparation de l’émission d’Envoyé Spécial sur Facebook, j’avais dit à Jérémie Drieu, que c’était les médias qui montaient en épingle les problèmes rencontrés dans Facebook et autres problèmes d’identité numérique. Ce ne sont plus les médias aujourd’hui, c’est nous. Avec la multiplication de nos articles, de nos manifestations, etc. nous sommes les artisans de notre propre parano.

En plus, ce que je craignais se produit. Nous avons fait rentrer le loup dans la bergerie. Le commercial fait son apparition ! Vous ne pouvez être propre, identitairement parlant si, et seulement si, vous commencer à payer ! Payer ? Mais, payer quoi ? Il n’y a rien à dépenser… L’identité numérique, c’est un peu de jugeote… et quelques problèmes qui ne sont pas résolus à coup d’Euro (dollars peut-être).

Et puis, les livres blancs vont fleurir, suivi des livres, payant cette fois, indispensables à la gestion de son identité, des officines de bas étages compléteront le tableau ! Bref l’identité numérique est en passe de devenir non pas un problème mais un commerce.

Je ne parle même pas du rôle des médias, auxquel je réponds volontier régulièrement concernant le recrutement et les réseaux sociaux (sous entendu : l’identité numérique). En schématisant, deux clans : les technophobes et les pro média social, rare sont ceux entre deux eaux ! On est pour ou ou est contre… Comme si on pouvait être pour ou contre la diffusion de données personnelles sur internet. Si on est « contre », utilisez internet seulement pour le consulter. N’envoyez même pas un courrier électronique. Aviez vous pensé que les paroles s’envolent, les écrits restes ?

On se vante de parler d’identité numérique dans nos formations respectives. Mais, nous faisons tous des formations à l’identité numérique. J’en fais par exemple régulièrement à la Fac, j’en fais avec mes étudiants dans Facebook, j’en fais… constamment. Mais, cette « formation », ce n’est pas seulement à l’université. C’est aussi chaque jour en formation en réponse aux questions qui me sont posées, avec les amis qui me porte crédit dans le domaine… J’en connais d’autres, en collège par exemple, qui font la même chose ! Doit bien y en avoir en lycée également.

Toutefois, c’est assez amusant de voir le nombre de fois où l’on nous demande un CV « papier », y compris pour des personnes utilisant les services des média sociaux pour recruter… Dernier exemple en date, le directeur général d’une école-centre de formation recrute un formateur multimédia confirmé en diffusant un message dans un « groupe » d’un réseau social français très connu. Je vous cite la dernière phrase : « merci de postuler en envoyant votre candidature et CV à (adresse mail).» Mon CV est dans ce réseau et je peux lui répondre dans ce réseau 🙁 Je ne comprends toujours pas qu’on me demande un CV). Tiens d’ailleurs, je n’ai toujours pas eu de réponse à mon courrier 🙂

Pourtant, là où il y a problème, c’est dans le nombre de spécialistes, d’experts dans le domaine de l’identité numérique. Lors d’une discussion avec Émilie Ogez (pour moi, LA spécialiste de l’identité numérique en France), j’évoquais le problème. Je pense qu’il y a une dizaine de véritables experts dans le domaine en France… Tout au plus, vingt. Je fais abstraction des juristes qui s’ils possèdent la connaissance juridique, n’offre pas la vision des ressources humaines et autres. À mon avis, ce n’est pas un hasard si le choix de Gemalto et le mien étaient quasiment identiques. J’y ajouterai 4-5 noms et le tour des spécialistes serait fait !

La paranoïa devrait atteindre son paroxysme cet été, le commerce dans le secteur dans un an et dans deux ans, plus personne ne parle d’identité numérique. Rappelez-vous, la société est en révolution !

Je sais, je suis à contre courant. Tout le monde dit : «protégez-vous, protégeons-nous». Mais qu’avons-nous à protéger. Qui a-il de si fabuleux à faire pour son identité numérique ?

Dans le fond, c’est quoi l’identité numérique ? C’est un juste équilibre entre ce que l’on publie, ce que les autres publient sur nous et ce qu’il est nécessaire de dévoiler aux autres (recruteur, ami, famille…). En corollaire, le savoir qui publie quoi ne posait pas de problème au début des blogs… Est ce toujours le cas ?

Remontons deux-trois années en arrière. Personne ou presque ne parlait d’identité numérique. Chacun vivait sa vie, peinard dans son coin, diffusait les informations qu’il souhaitait, etc. Entre temps, la vague du Web 2.0 a déferlé. J’ai trouvé le coupable. Le web 2 ! D’ailleurs en 2006, alors que je cherchais la définition du web 2.0, je pense avoir prévenu : « Ne revenons pas à la sempiternelle illusion du web village mondial. J’ai l’impression quand je lis cela que personne n’a jamais vécu dans un village. » Mais, le diable doit être ailleurs puisque maintenant le web 2 ne s’appelle plus web 2 mais média social !

Dans les limites des réseaux sociaux (qu’est ce que les réseaux sociaux) j’évoquais le vol d’identité, la fraude et surtout une question : quel sera l’usage des données que nous inscrivons dans ces réseaux ?

J’écrivais aussi à l’époque (1er octobre 2007) : La notion de confiance est également un soucis. Je ne pense pas comme j’ai pu le lire que les internautes inscrits sur un réseau social se sentent plus proches d’un autre membre du même réseau que d’un parfait inconnu, ce qui améliore a priori la qualité des échanges entre eux. C’est un discours de marchand…

En effet, les algorithmes de confiance et d’anonymisation sont très discutés

 »Comment peut-on avoir la certitude que l’«ami» de mon contact est véritablement son «ami» ! Peut-on faire confiance dans la réponse de telle personne ?
Nicolas Guillaume explique bien mieux que moi ce problème de confiance 🙂 »

Bref, rien de nouveau sous le soleil hormis le nombre de personnes concernées.

J’écrivais en conclusion, en 2007 : «j‘espère que les limites des réseaux sociaux sont abordées dans les formations au réseautage et networking 🙂 Oui, oui, certains centres de formations proposent des formations au réseautage et au networking. Tiens, je devrais y penser pour Ed Productions :–)». J’ose espérer que ces formations ont abordé cette problématique. Enfin, moi au niveau des formations que je donne dans le cadre d’Ed Produtions (je sais cela fait longtemps que je n’ai pas mis à jour la partie formationdemandez la liste des nouvelles formations et conférences 😉 donc, dans le cadre de mes formations que ce soit sur les médias sociaux, le web 2, l’internet d’aujourd’hui et de demain, je signale toujours les limites (pas seulement celles de l’identité numérique d’ailleurs ;-).

Lorsque j’aborde le domaine de l’identité numérique, je ne nie pas le problème, mais je l’explique, j’essaye de le circoncire, d’alerter sans effrayer…

Le souci de l’identité numérique n’est pas l’identité numérique en tant que telle. Nous en connaissons tous les éventuels dangers et dérives. Mais, justement l’inconvénient est le nous que j’ai employé. Nous, c’est qui ?

Le gamin de onze ans qui discute le soir en cachette de ses parents (oups, l’ordinateur dans la chambre… jamais. À quand la formation des parents ;-), l’étudiant dans sa fac qui pense plus à faire la fête qu’à suivre ses études, l’arnaqueur qui se fait dénoncer (non, je ne mettrai pas le lien ;-), les personnes sensibilisées aux problèmes ou les spécialistes ? Une grande partie de la population se moque des dangers et des dérives (ou à l’inverse est complètement méfiante). Il existe pourtant un juste milieu entre naïveté et parano, nous (je vous laisse définir qui) le savons.

Pourtant, je suis toujours surpris de la naïveté des internautes. Suffit de voir l’engouement pour Facebook, l’expérience interdite ! Facile de dire : «on s’est inscrit pour voir !» Voir, quoi. Il n’y avait rien à voir ! Parfois aussi, des messages reçus à la suite de la publication d’un billet me laissent pantois… Les internautes savent-ils lire ? je suis en droit de me poser la question…

Allez, un exemple, pour la gag. J’ai un site dédié à la formation, orienté région Nord. Je m’en occupe plus guère ces derniers temps, mais j’y ai mis une série de reportage sur le Nord que j’avais effectué dans les années 80, ainsi qu’un tour du Nord en cyclomoteur… Cela renforce la notion du Nord… en attendant que j’illustre l’ensemble des textes 🙂 Et bien, il y a quelques semaines de cela, j’ai reçu un courrier vindicatif. Au cours d’une recherche sur Internet, elle était arrivé sur l’article intitulé Frites, bière et le reste sur la gastronomie de la région. En effet, cette personne ne comprenait pas que je pollue un sité dédié à la bière en proposant des formations. Le nom du site : Lille aux formations 🙂

Je pourrais multiplier les exemples à foison. Le type qui menace de mort Morandinie et qui ne savait pas que cela ne se faisait pas ! Faut arrêter quand même. Comme l’écrivait Bertrand Duperrin, je le cite : «Imaginez que vous sortiez de chez vous pour aller faire un petit tour en ville. A la première personne que vous croisez dans la rue vous lancez un “espèce de c#%! va ! Au fait je m’appelle Robert Dupont”. Vous rejoignez un groupe d’amis pour boire un café. Le ton de la conversation monte et vous les agonissez d’injures. Bien entendu vous faites en sorte que tout le café sache qui vous êtes. Rebelotte avec des collègues de travail que vous rejoignez quelques minutes plus tard. En route vous passez devant un magasin de disques et vous volez un CD sur un présentoir, non sans laisser votre carte de visite. Sur le chemin du retour vous prenez ostensiblement une photo sous la jupe d’une jeune fille, mineure de préférence, mais sans oublier de laisser une carte de visite à ses parents qui l’accompagnaient. Vos collez les dites photos sur les murs du voisinage, ainsi quelques affiches litigieuses. Bien sur vous n’omettez pas de signer votre forfait.»

Lors de la table ronde blog en nord, je donnais quelques conseils suite à des visites sur des sites de rencontres entre adultes ! Naïveté, là encore. On se croit protégé car on à payer parfois un appel téléphonique. Naïf aussi la confiance dans l’autre… comme dans le cas des photos des « amies » diffusées dans la face cachée de Flickr. Naïf également les profils complètement ouverts des enseignants de collège dans Facebook…

Je m’attends au pire lorsque la reconnaissance faciale fera partie intégrante des moteurs de recherche… Qui se rappelle de l’émoi lorsque Google avait indexé et publié les premiers fichier Word et Excel ? Pourtant, les personnes concernées (l’armée entre autre) savait depuis longtemps que Google indexait les .doc, etc.

L’identité numérique est le genre de problématique où l’on se mord la queue… Comment est-il possible apprendre, à la fois aux adultes et aux enfants, à se comporter de façon raisonnable (alors, là, je suis certains que vous lecteur, vous vous dites… ben oui, pourquoi ne font-ils pas tous comme moi !). je vous rassure, moi aussi parfois je dépasse les bornes et je ne suis pas nickel (faites ce que je dis, pas ce que je fais ;-)…

Mais, qu’est ce qu’être raisonnable ? On en revient à la question : c’est quoi l’identité numérique ? Bref, à l’essence même de la vie et de notre liberté : choisir !

PS. Cela ne doit pas vous empêcher d’aller retrouver Emilie qui vient à Lille le 28 mars (pour répondre une bonne fois pour toute, non, je ne fais pas partie des organisateurs de youontheweb, même si je parle parfois d’identité numérique, même si j’étais dans les organisateurs du Barcamp de l’année dernière :-), de participer quelques jours plus tard au Barcamp de Paris (je sais, j’ai déjà dit que pour moi ce n’était pas le format idéal pour traiter d’Identité numérique) donc au barcamp ereputation (le seconde édition Parisienne) ou encore au mois d’octobre prochain pour notre acte 2 (moi aussi je suis à blâmer !)

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