Google wave : un surf sur une vaguelette ou sur un tsunami #GoogleWave

Si Zorlog commençait son article de mai 2009 au sujet de Google Wave en se posant la question : Que serait le mail si on l’inventait aujourd’hui, c’était sous-entendu, «Wave, c’est ce à quoi le courrier électronique ressemblerait s’il était été inventé aujourd’hui.» : la description de l’ingénieur de Google Lars Rasmussen pour son tout nouveau bébé

Mais, depuis le début octobre, Google Wave est maintenant utilisé par plus de 100 000 personnes… Utilisé est un grand terme. Testé conviendrait mieux pour ce service toujours en version bêta.

Résultat, on parle désormais plus facilement de service de communication que de courrier électronique. Un service à la fois webmail (messagerie), messagerie instantanée, outil collaboratif, espaces de travail virtuels, espace de partage de fichiers/documents/images, wiki, réseau social, Twitter et espace de jeux en ligne. Mais le maître mot de cette architecture est le temps réel !

Autre manière de présenter Google Wave, vous imaginez un outil qui est à la fois un forum ou une liste de diffusion, un chat, du micro blogging, une sorte de Facebook où l’on passe d’une application à l’autre de façon transparente, mêlant à la fois discussions synchrones et asynchrones, avec la possibilité par exemple de mettre à jour son blog et son statut Twitter ou encore de traduire une conversation en temps réel. Vous mélangez le tout. Vous secouez un bon coup… vous obtenez Wave.

Si l’annonce de Wave a généré l’enthousiasme quasi général malgré quelques voix discordantes lors de cette annonce, depuis sa sorti que penser de Google Wave, cette nouvelle sensation du web, pour lesquels de nombreux « geeks » et spécialistes du web recherchent une invitation ; que reste-t-il de cet engouement pour le buzz de la blogosphère qui fantasme devant les annonces fantastiques ; Google Wave réussirat-il à tuer le mail, à tuer Facebook et Twitter ?Google Wave sera-t-il le successeur de Facebook et de Twitter dans le coeur des utilisateurs comme prochaine révolution où il faut être ?

Les termes de Google Wave

Mais avant d’aller plus loin pour parler de Google Wave, un peu de vocabulaire est nécessaire.

  • Wave (vague) : à l’image d’un fil de discussions des forums et de Gmail, aux conversations en messagerie instantanée etc. permet de partager des textes enrichis, des images, des documents, des vidéos, des cartes, des évènements de calendrier, des jeux, des gadgets…, entre plusieurs personnes et robots. N’importe quel utilisateur peut créer une wave. Une wave est composée de Wavelets.
  • Wavelet (vaguelette) : partie d’une vague qui peut être limité à certains utilisateurs grâce aux vaguelettes privées. Un mélange du privé et du public au niveau de la wave.
  • Blip : chaque message est appelé blip, la plus petite unité au sein d’une wave, équivalent d’un courrier électronique qui peut s’insérer partout dans la conversation
  • Ping : chat privé dans une fenêtre de conversation spécifique que l’on peut transformer en wave elle-même. Ce ping devient alors une wavelet.
  • Playback : pour recréer les différentes participations chronologiques d’une wave sous la forme d’un film.
  • Extension : regroupent les gadgets et les robots.
  • Gadgets : applications qui fonctionnent dans une wave comme un jeu ou un sondage.
  • Robots : outils automatiques qui permettent par exemple l’insertion automatique de tweets, la traduction simultanée de textes dans une wave.…
Comment fonctionne Google Wave ?

Grosso modo, une wave ou vague est l’équivalent d’un courrier électronique avec des pièces jointes visibles dans le courrier mais incluant aussi des gadgets et des robots.

Cette wave peut être adressée à des contacts, sinon cela devient une note. Mais, il est également possible d’ajouter d’autres personnes ou adresses en cours de route, par exemple lorsque l’on est soit même invité, un peu comme si après avoir reçu une réponse dans votre messagerie de courrier électronique vous décidiez d’ajouter une personne ou un groupe de personnes qui pourraient aussi consulter les premiers échanges de la discussion. À ce moment, on rejoint la liste de diffusion à superficie variable puisque n’importe qui peut ajouter des participants (pour le moment, retirer un participant est impossible).

Les correspondants voient le contenu de la wave qu’ils soient connectés ou hors ligne. Dans le premier cas, nous sommes dans la situation de la messagerie instantanée, dans le second celui du courrier électronique. Dans l’un nous sommes en dialogue synchrone, dans l’autre asynchrone.

Dans la wave, il est possible de saisir du texte, glisser déposer une image, insérer une vidéo ou une galerie automatiquement depuis Youtube, Picassa, etc.

Si l’un des destinataires (contacts) de la wave est connecté, il voit en temps réel ce que vous tapez caractère par caractère (ou en une seule fois pour un copier-coller), sans qu’il soit nécessaire de cliquer sur « envoyer ». Il peut répondre en même temps que vous continuez la saisie du texte et saisir son texte au début, en fin ou au milieu de votre contribution. Il peut également éditer et modifier ce qui a été écrit jusque-là. Si plusieurs personnes sont connectées en même temps, toutes peuvent intervenir simultanément sur le texte, ajouter des contenus, effacer ce qui est présent, etc.

Pour aller encore un peu plus loin, il est possible de rendre public une wave ce qui permet à d’autres utilisateurs de Google Wave de prendre part aux échanges même si vous ne les connaissez pas.


Si vous avez mis une relation en place entre votre blog et Google Wave (Blogger, WordPress, etc.) un nouveau billet est automatiquement créé sur votre blog. Chaque commentaire de votre blog s’affichera au sein de la wave, comme un blip. En y répondant depuis cette dernière, il s’affichera également sur le blog.

Voilà quelque base sur le fonctionnement de Google Wave.

Ma prise en main de Google Wave

Je n’avais pas particulièrement cherché une invitation, cependant, merci à Renaud qui m’en a proposé une spontanément 🙂

Première remarque : il n’est pas évident de prendre en main Google Wave. Surprenant de la part de Google qui nous a habitué à des solutions accessibles facilement par la plupart des utilisateurs, y compris et surtout le grand public !

Autre souci de cette version beta, vous êtes souvent seul en ligne… Vos amis ne sont pas présents en même temps que vous. Donc, il est difficile de tester à plusieurs, en live ! Au fil des jours, vous croiserez évidemment des amis, à moins que vous vous donniez rendez-vous dans Twitter (ce que j’ai fait lors d’une formation :-).

Une fois à plusieurs, à vous les joies du temps réel. C’est techniquement bluffant ! Toutefois assez rapidement, on se pose des questions !

Je me suis surpris à être embêté car je voulais écrire quelque chose, j’ai commencé à saisir mon mot et j’ai eu le temps de réagir après avoir taper deux lettres… Je ne devais pas employer ce mot en face de la personne avec qui je dialoguais (n’oublions pas qu’en temps réel, votre interlocuteur suit notre saisie). Le parallèle discourt oral avec l’écriture dans les waves n’est pas possible ! Ce n’est pas de la vidéoconférence ! Une nouvelle forme d’écriture doit apparaître !


Autre inquiétude : le bazar dans les messages : qui a écrit quoi, qui a supprimé quoi, où le contenu a été modifié ! Si cela semble gérable à deux ou trois, dans des waves à une centaine de personnes, cela devient plus difficile !

Évidemment, c’est un peu différent avec les waves qui sont traitées en mode asynchrone. Mais, là, j’ai rencontré un autre problème. Nous n’avons pas tous la même vision de la mise en page ! Je n’aime pas les modifications de mise en forme que certains ont apportées à certaines des waves sur lesquelles je travaille ! C’est un détail direz-vous… mais qui me semble plus important qu’il n’y parait ! Tout le monde peut modifier la forme et le fond d’une wave.

Après les essais sur le texte, les images, l’utilisation en chat, l’utilisation sous forme de groupe de travail (assez amusant la réaction des « geeks » qui organisent le Web Event Lille : «Comme nous sommes tous dans Wave, utilisons le 🙂» — Donc, oui, le Web Event Lille est organisé dans Google Wave.

Mais, j’ai voulu également tester d’autres possibilités. Ainsi, j’ai organisé un sondage avec mes contacts sur la question : Pensez-vous que Google Wave remplacera rapidement Gmail ? La question me semblait intéressante puisque le créateur lui-même (cf. en début de billet) avait déclaré que Wave était une messagerie ! Puis, j’ai découvert que l’on pourrait rendre une wave publique, ce que j’ai fait ! Aujourd’hui, 91 personnes sont inscrites à cette wave. Une personne pense que Google Wave remplacera rapidement Gmail, 50 pensent que non et 21 peut-être ! Ce résultat est complété par 34 commentaires. Tiens, faudra que je me penche sur la possibilité de lien depuis de systèmes en dehors de Google Wave vers une wave 🙂

Autres aspects de ma découverte, la recherche au travers de Google Wave. Pour cela, il est nécessaire de connaître la liste des expressions de recherche dans Google Wave. L’esprit est proche parfois des expressions de recherche dans Gmail ! Cyril Lopez a réalisé une bonne synthèse dans le domaine !

Pour ce domaine, là encore, le fouillis et le bruit qui l’accompagne pourront rapidement submerger votre envie d’en savoir plus sur un sujet qui aura été mis dans la partie publique de Wave ! On pourrait dire que l’on s’inscrit à la volée à un flux RSS dans lequel on peut évidemment intervenir en temps réel ! Heureusement, la fonction Mute nous aide, car il est possible de s’abonner à ces recherches, mais de ne pas recevoir constamment les mises à jour. De même, il sera ainsi possible de s’inscrire à une wave et de la cacher dans la vue générale, grâce à un traitement par dossier !

Et puis, il y a les extensions autour de Wave. Une débauche de solutions mais qu’il est encore trop tôt pour juger l’efficacité et l’intérêt. En outre, il est parfois difficile de comprendre comment cela fonctionne. Je me suis surpris à plusieurs occasions en train d’abandonner l’installation d’une extension, d’une application…

Parlons un peu de la gestion des contacts. Vous aurez peut-être la surprise de découvrir des contacts présents à votre arrivée dans Google Wave ! Toutefois, rien n’indique qui vous a ajouté comme contact ? N’importe qui peut vous ajouter en contact ! Il suffit que vous apparaissiez dans une wave commune. Comme quiconque peut ajouter quelqu’un dans une wave, vous pouvez avoir votre pire ennemi comme contact et de là effectuer des recherches pour savoir où il intervient de façon publique… À méditer concernant l’identité numérique !

Mon avis sur Google Wave

Je cherche, mais je ne trouve pas ce que veut faire Google avec ce Google Wave ! Concurrencer SharePoint, Facebook, remplacer Twitter, remplacer le courrier électronique ? Je penche pour un compromis. Google qui a un gros déficit du côté des réseaux sociaux (Twitter, Facebook n’existent pas ou ne fonctionnent pas dans la galaxie Google) a voulu taper un grand coup en se positionnant sur ces réseaux sociaux tout en pariant sur la disparition du courrier électronique à court terme et à l’émergence du travail en temps réel et du collaboratif à tout va.

L’ergonomie de l’ensemble est peut-être le fruit de cette hésitation ou de cette volonté de vouloir balayer large. Pour l’instant, Google Wave ressemble plus à un service fait par des geeks, pour des geeks qu’à autre chose.

Autre piège, la solution idéale est-elle de tout regrouper sur une même page ? Cela me rappelle les intégrés comme Microsoft Works, Apple Works… à leurs époques ! On connaît la désaffection du public pour ces outils, qui avaient pourtant l’avantage d’être simple (ce qui n’est pas le cas de Google Wave).


Je serais également curieux de connaître le taux d’abandon de Google Wave. J’ai l’impression qu’il est supérieur à celui de Twitter ! Ce n’est pas peu dire. On s’inscrit, on ne comprend pas à quoi ça sert et comment on s’en sert, on n’y revient plus ! De même, quel sera le taux d’abandon une fois la phase d’émerveillement du temps réel passé !

Certes, les usages de Google Wave qui se profilent peuvent être intéressants, mais pas si simple à mettre en place et à définir. En effet, les usages et applications restent encore à découvrir (nous n’en sommes qu’à la version beta) ! Cela permettra de répondre à la question : «à quoi donc cela peut-il bien servir ce truc ?». Google Wave est déjà dans les classes, Claude Malaison y voit l’agrégateur futur de l’entreprise, d’autres à faire du jeu de rôle !

Les entreprises vont-elles investir Google Wave pour leur travail collaboratif ! C’est l’une des questions que l’on peut légitiment se poser. Le succès est peut-être là mais le fossé encore plus long à dépasser ! C’est quand même Google qui est derrière !

De plus, il est difficile de se forger une véritable idée. L’environnement de Google Wave est très mouvant. Je rappelle que c’est une version beta mise à disposition des «early adopters». Donc, attendons le lancement de la prochaine phase afin de voir si ce service usine à gaz devient plus intuitif dans un premier temps.

Mouvance également dans l’environnement de Google Wave. Jusqu’ici l’un des arguments était la gratuité ! Cependant, on vient d’apprendre que Google Wave aura son AppStore d’applications payantes !

Et si, après tout, la seule « révolution » que nous apportait Google Wave était le temps réel ? Certains parlent même de révolution manquée tant son rares ceux qui trouvent à quoi sert Google Wave ! Il est l’un des premiers dans le domaine à proposer quelque chose ! Seulement, cette écriture en temps réel demande un nouvel apprentissage (sommes-nous certains que l’ensemble du grand public sait déjà lire ou écrire un courrier électronique correctement ? Certains ne connaissent toujours pas l’existence des smileys aujourd’hui par exemple).

Tous les contacts dans la Wave voient vos fautes de frappe, de français, d’orthographe et vos corrections, vos hésitations sur un terme, vos réflexions… attendent la fin de la saisie alors qu’ils ont déjà compris ce que vous vouliez dire ! Cela change la lecture ! Cela change l’écriture ! Le billet sur Slate est intéressant à ce sujet.

Enfin, concernant cette écriture en temps réel, une discipline doit être prise !Par exemple, une conversation doit rester compréhensible pour la relecture par la suite (je ne pense pas que le Playback résolve le problème) et par les autres membres de la wave.

Et puis, pour l’instant, contrairement à ce qui se passe dans un véritable wiki, quid de la sécurité, des droits et privilèges des uns et des autres ! Rien ne semble géré dans Google Wave. Il est possible d’éditer et de modifier le message d’un autre par exemple. Ainsi, si vous créez une Wave, vous n’avez aucun droit sur vos invités et sur les invités par les autres, n’importe qui peut écrire ce qu’il veut où il veut… D’ailleurs pour l’instant, il n’est pas possible de retirer une personne « associée » à une wave même si le bouton existe. Et puis, tout le monde aura-t-il le droit de supprimer un participant ?

Mais déjà Google est rattrapé par l’annonce de Raindrop (le projet d’agrégation des flux d’information et de communication de Mozilla) et n’est pas le premier dans cette notion de travail en temps réel : socialwok, Shareflow

Pour les déjà accrocs, Wave France, ou Withwaves pour ceux qui parlent anglais, devraient vous tenir en haleine 🙂

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