formateur n'est plus un métier d'avenir

Depuis pas mal d’années (20 ans), vous le savez certainement 😉 je côtoie de près la monde de la formation professionnelle, principalement celui de la formation continue, soit pour de la délégation auprès de centre de formations et/ou de revendeurs informatique possédant un secteur formation, soit en direct grâce à Ed Productions. Cela ne concerne donc pas directement l’éducation, bien que 🙂

Cela fait quelque mois que je me pose des questions sur l’avenir de ce métier tel qu’il est pratiqué au jour d’aujourd’hui par la majorité des formateurs. Le verdict émit par un vieux formateur qui approchait l’âge de la retraite au début des années 90 : «la formation sous sa forme actuelle, c’est foutu pour vous les jeunes…» sous entendre en centre de formation, etc. me hante. À l’époque, je lui répondais que je ne pensais pas. Bien vu, car c’est toujours cette manière de faire qui est le plus souvent privilégié (même si des personnes se démarquent, je pense à Adrien, Florence, Olivier…).

Mais, cette remarque et ma réponse de l’époque m’empêchent de réfléchir sereinement sur les questions qui me tourmentent ! J’ai peur d’avoir pris un coup de vieux, d’être devenu un vieux con c’est-à-dire que j’aurais tendance à retranscrire à mon époque l’histoire du vieux Monsieur (enfin, j’suis pas encore à l’âge de la retraite) : «le métier de formateur sous sa forme actuelle, c’est foutu pour vous les jeunes !» 🙁

Je ne suis visiblement pas le seul à penser que la formation est dépassée ! dans sa forme actuelle. L’apprentissage informel entre également dans ma perception de la nouvelle formation et je pense que notre rôle est aussi de l’aider. J’en avais déjà parlé pour le monde de l’éducation dans ce blog !

Bon, au moins cela aura le mérite de poser la ou les questions !

Jusqu’à aujourd’hui, dans la grande majorité des cas, la formation s’effectue en présentiel, mâtinée d’une partie de elearning (mais que l’on appelle service après vente 🙂 Mais demain, dans quelques mois ou quelques années, les formations continues professionnelles devraient prendre d’autres apparences.

J’en vois déjà trois importantes :

  • La première que l’on appellera comme on veut : visio-téléphonie, visio-conférence, prise en main d’outils à distance… avec un simple ordinateur, une « webcam » et Skype (pour simplifier).
  • Un seconde, le retour en force des CD, DVD ou des K7 vidéo remis au goût du jour, notamment sur Internet, et éventuellement couplé avec une solution de visio-conférence…
  • L’explosion du mal nommé rapid elearning clôturera ma vision parcellaire d’aujourd’hui.

Nomadisme et DIF : cours à distance

Dans les prochaines années, réduire ses déplacements sera une nécessité. Le nomadisme va dans ce sens. Petit rappel, dans mon esprit, nomadisme ne veut pas dire seulement que l’on apprendra partout et en tout lieu (d’ailleurs, je ne suis pas convaincu du partout et en tout lieu pour apprendre ou pour former), mais plutôt une liberté dans ses choix de déplacements.

Je m’explique. Pour l’instant, si nous continuons dans la thématique de la formation, soit le formateur se déplace, soit le ou les stagiaires se déplacent. Eh bien, demain, ni l’un, ni l’autre n’auront besoin de se déplacer… Ils pourront choisir chacun leur « lieu de rencontre ». Cela pourra être par exemple pour les uns et les autres leur bureau respectif ! Cela n’aura rien de surprenant.

Cette notion de nomadisme sera la norme, pas seulement pour la formation mais également pour les réunions qui seront à n’en pas douter du travail en réseau entre plusieurs personnes réparties en différents lieux géographiques. Rezo7 ne dit pas autre chose pour débuter sa série sur quelques outils de visio-téléphonie.

Déjà, en dirigeant Ed Productions, je perçois les prémices de ces demandes de cours à distance (je n’ai pas dit de elearning, car pour moi dans la notion de elearning, il existe une notion de formation asynchrone, c’est-à-dire sans la présence réelle ou virtuelle de l’enseignant).

Le DIF (Droit individuel à la Formation) pousse également vers ce raisonnement. Ces cours à distance peuvent être mis en place aisément à toute heure du jour et de la semaine.

Cela aura un impact également sur l’internationalisation des formations et donc sur la concurrence ! Pourquoi ne pas suivre une formation à la création de site internet car on aime bien la démarche de Daniel Lafrenière, « enseignant » Canadien, depuis la France, ou inversement !

Le seul problème, les créneaux horaires… Mais si l’apprenant Français souhaite son cours de 22 h à 23 h ce sera un cours de 16 à 17 h pour l’enseignant canadien 🙂 Le DIF conduit à ce genre de raisonnement. De plus, le choix pour les demandeurs de DIF sera enfin clair et précis. Difficile pour eux de s’y retrouver dans les méandres des systèmes de formations inter, intra, sur site, en centre… du montant à l’heure, à la journée, à la formation… L’offre aura le mérite d’être claire et simplifié.

L’apprentissage informel et les DVD

L’apprentissage informel entre de plain-pied dans cette nouvelle formation. Diffus et flou pour l’instant (qui en tient compte dans son enseignement), demain, alors que notre environnement où les changements s’accélèrent et se complexifient, l’apprentissage informel sera l’axe majeur d’apprentissage.

L’une des solutions d’aujourd’hui à cet apprentissage informel serait le retour en grâce des CD, pardon des DVD d’apprentissage, qui j’en suis convaincu réapparaîtront sous d’autres formes en ligne (à la relecture, je m’aperçois que sous le vocable DVD, il est sous entendu vidéo). C’est déjà un peu le cas avec ce que propose aujourd’hui Wisibility qui d’ailleurs est peut-être trop en avances sur son temps !

Plutôt que de repartir sur des solutions déjà en ligne, car je ne sais pas si le modèle économique choisis est réellement viable à long terme, quoi qu’en disent les sociétés concernées, alors réfléchissons sur l’usage ou la commercialisation des simple DVD. Prenons ceux d’Elephorm dont les DVD sont des outils d’auto-formations professionnelles pour tous publics (si, si j’ai testé pour vous ;-). Première remarque, l’offre est très étendue…

Exemple d’utilisation de DVD applicable aujourd’hui

Prenons un exemple. Je suis un utilisateur habitué d’Illustrator CS 2 et je viens d’acquérir la version CS 3. Pour la formation traditionnelle, y compris pour Ed Productions, nous organisons des formations d’une journée, voir 2 dans ce cas précis. Toutefois, nous savons tous très bien que nous sommes obligés de combler soit par des exercices, soit par des rappels…

Bref, je résume : une journée ou deux qui monopolise l’équipe ou une partie de l’équipe… pour une formation qui devrait prendre à peine une journée, voir une matinée. Je sais, je scie la branche sur laquelle je suis assis mais je ne dis pas que toutes les formations sont comme cela. D’ailleurs, historiquement, c’est plutôt l’inverse qui c’est produit les formations pour des raisons marketing ont été réduite en nombre de jours. De 4 jours, les centres de formation ont proposé 2 jours soi-disant en séparant initiation et perfectionnement, en réalité dans l’idée que deux jours de formation étaient acceptable budgétairement et que l’apprenant râlerait pour avoir les 2 jours complémentaires afin de pouvoir réellement travailler.

Bon revenons à notre journée de formation. Son coût : environ 600 euro ht, sans parler des frais de déplacement !

Le formateur selon les organismes sera un réel expert d’Illustrator (comme chez Ed Productions 🙂 mais dans certains cas, ce sera un ancien formateur bureautique qui un jour c’est dit : «Mais, moi aussi, je peux faire des formations Illustrator, il n’y a qu’à comprendre les courbes de bézier !» (j’ai connu ce type de formateurs qui exercent toujours d’ailleurs, mais ne lui demandez pas un détail sur comment cela fonctionne en production, il n’en sait rien !)

Je regarde le catalogue Elephorm puisque c’est eux que j’ai pris en référence… Génial, un DVD Apprendre Illustrator CS3 – Les nouveautés existent (C’est celui là en plus que j’ai testé) ! Son prix, moins de 40 euro pour un court de 3 h 30 donné par l’intermédiaire de vidéos de Fabrice Court.

Plus de déplacements, plus de réunion de tout le monde en même temps… Une fois acquis le DVD, il est possible de se le prêter les uns les autres, de commencer la formation car j’ai un creux dans mon travail et de la reprendre le lendemain ou deux jours après, de venir vérifier un point de détail en cas de besoin… La formation et le support en un seul élément, qui plus est par un véritable spécialiste !

Certains centres distribuent d’ailleurs ce type de DVD comme support de cours en fin de formation (parfois ce sont des CD ou des clefs USB mais c’est le même principe) ! La question qu’il est temps de se poser est : ne faut-il pas inverser la manière de faire ? Si au lieu de distribuer le DVD à la fin, nous commencions par vendre le DVD accompagné d’une prestation de visio-téléphonie, soit un nombre d’heure d’échanges, soit un ou des rendez-vous ponctuels. On pourrait même envisager une journée ou une demi-journée en centre ou sur le site client !

Dans l’exemple qui nous concerne, celui du DVD des nouveautés d’Illustrator CS 3 un ou deux contacts par visio-téléphonie serait suffisant. Par contre, pour le DVD Apprendre Joomla, des échanges beaucoup plus nombreux sont nécessaires surtout si le client désire mettre en ligne son site !

Le formateur dans tout cela

Le rôle et la pédagogie du formateur seraient alors complètement différents. Le formateur deviendrait plutôt conseil en complément de son rôle de pédagogue… Son travail serait un travail de reformulation d’explications, de complément d’informations… ce qui exige, je pense un niveau de compétences et de connaissance du produit (ou de la matière enseignée) beaucoup plus élevé que le fait de débiter son cours, le cours préparé, celui dont nous connaissons par expérience les moindres questions qui risquent de surgir et aux réponses toutes faites.

Le rôle du formateur serait également transformé car son rôle serait également d’aiguiller l’apprenant dans ses choix et ses décisions aux cours de certaines formations.

Prenons un exemple pour être clair. Régulièrement, j’ai des appels du type : «bonjour, je cherche une formation pour créer un site internet !» En tant que telle, cette question ne veut rien dire aujourd’hui, si l’on ne se pose pas la question du besoin et des attentes du client dans la création de son site.

Pour l’instant, à de rares exceptions, suite à notre entretien où j’essaye de d’établir sommairement une classification des sites et du pourquoi et comment de leur usage, j’ai rarement la possibilité de réellement présenter une formation quel site ? pour qui ? pour quoi ? ou les formations du genre gestion de création de site internet qui pourtant me semblent généralement indispensable dans ces contextes (en Pao, c’est tout le côté chaîne graphique et typographie mise en page qui est sous-estimé en général).

On pourrait même imaginer le développement de formation de ce type sur DVD pour fonctionner comme précédemment.

Entre le fan de Drupal, l’utilisateur de SPIP et l’habitué à Joomla, chacun prêche pour sa chapelle.Je ne parle même pas de site en html (simplement parce qu’il est simple de proposer du Dreamwearver) ou en Php-MySql (parce que l’on fait tout avec et que le formateur espère récupérer une partie productions sachant que le client ne saura pas développer sa solution). Les éditeurs devront prendre garde dans le choix des prestataires. Une autre piste serait également la mise en DVD de formation à partir de certains livres, vous auriez ainsi au choix le livre ou le DVD.

Une touche de rapid elearning

Le rapid elearning dans ce contexte peut prendre également un nouvel envol soit en complément de l’existant (les DVD qui existent par exemple) pour expliquer un point de détail, pour une mise à jour, soit dans le cadre de formations spécifiques, complètement adapté à un client par exemple avec l’inclusion des vidéos contenues dans le DVD (faudrait juste regarder si au niveau des droits d’auteur cela serait possible).

Le rapid elearning permet de transformer une présentation PowerPoint en présentation Flash diffusable sur Internet. Jusque-là, SlideShare, fait cela très bien !

Le plus du rapid elearning est que la présentation orale peut-être enregistrée en même temps, ainsi que l’inclusion de vidéo ou de notes sur un TBI (Tableau Blanc Interactif). Un produit comme celui que propose Speechi va encore plus loin, puisqu’il est possible de mettre en place simultanément des conférences à la fois en ligne et en live, où les personnes au loin peuvent intervenir !

Une fois encore la qualité requise pour le formateur n’est pas dans les compétences qu’on lui demande actuellement. Il doit devenir scénariste, concepteur de présentation (attention, j’y reviendrais prochainement, tout le monde contrairement à ce que beaucoup pense n’est pas concepteur de présentation genre PowerPoint), sans parler des connaissances d’écriture vidéo.

Le métier de formateur n’est vraiment pas un métier d’avenir pour les formateurs actuels. Nous avons tout à réapprendre de notre métier ou presque, en plus d’être un spécialiste de la transmission de savoirs. Moi, en tout cas, j’en prends le chemin avec Ed Productions !

Ah oui, si vous vous sentez inspiré (ou si vous connaissez quelqu’un) pour travailler dans cette direction et dans cet esprit, Ed productions est toujours à la recherche d’un Collaborateur stagiaire de 6 à 12 mois avec possibilité d’embauche !

Mise à jour le 30 avril : une discussions au travers des blogs sur cette thématique c’est instaurée… Thierry répond à mon billet dans son blog… et sans concertation, nous traitons également de cette thématique en commentaire du billet de Bruno Richardot que je présentais en cours de journée sur les cultures numériques 🙂 Vous pouvez choisir de nous répondre sur l’un des trois blogs, selon affinités et autres 😉

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