Et si les enseignants faisaient du e-learning et des TIC sans le savoir ?

Régulièrement, on dit que (je m’inclue dans les on) les TIC en France est une mauvaise élève dans le domaine. Internet Actu est là pour le rappeler : La France, avant-dernier de l’UE en matière d’usage des TIC à l’école ! On parle beaucoup de la formation des enseignants en question.

D’un autre côté, même si Les utilisateurs ne sont pas totalement séduits par l’e-learning, on nous offre des séquences vidéo (en six épisodes) pour un référentiel des bonnes pratiques en FOAD , ici, Le cas de l’éducation scolaire. Analyse de l’évolution liée à l’innovation de l’e-learning (l’introduction est en Français, le texte en Anglais).

Pourtant, aujourd’hui, ce sont les outils de la FOAD et l’article sur les limites du système E-learning attirent mon attention, car je pense que, sans le savoir, nos chers enseignants (je parle des profs de collège, de lycée, dans le supérieur…), nos enseignants pratiquent l’apprentissage mixte. Si, si, je vous assure… Mais personne ne le sait. C’est évident, puisque c’est à distance donc caché aux yeux de l’institution.

Ne me dites pas que les enseignants ne sont pas des personnes comme les autres. Le pourcentage d’enseignant qui possèdent une adresse électronique privée (et qui l’utilisent) doit être sensiblement le même que pour la population française, non ? Ne me dites pas que les enseignants possèdent moins de connexion internet que la plupart des Français. Ne me dites pas que les enseignants ne se baladent pas sur le net, dans les mêmes proportions que leurs concitoyens. Ne me dites pas que les enseignants ne pratiquent pas le MSN…

Oui, je sais… Je parle de l’enseignant, hors de ces fonctions dans la salle de classe. Et, c’est justement sur ce point que nous tous commettons une erreur. Nous jugeons constamment l’utilisation des TIC et du elearning en classe ou pendant les moments scolaires.

En fait, j’ai l’impression, lorsque je titille certains d’entre eux (des profs) qu’ils utilisent mettent en place sans s’en apercevoir de l’apprentissage mixte… (même parmi ceux qui clament haut et fort qu’ils sont opposés au elearning). Plus on monte dans les années d’étude, plus ce phénomène est vrai. Une simple adresse mail ou un simple compte MSN est le tour est joué… Enseignant et élèves (étudiants) entre en contact.

Adieu les limites du e-learning. L’absence d’échanges directs n’est plus un problème puisque régulièrement tuteur, pardon enseignant et élèves se rencontrent physiquement. Plus de problèmes d’organisation, parce que rien n’est organisé, prévu, aucun carcan institutionnel n’encadre les activités. Les freins du côté de l’apprenant sont balayés car il n’a pas l’impression d’apprendre. On ne lui a pas dit qu’il était en train d’apprendre…

Reste que les enseignants se posent quand même quelques questions : quelle est la légalité de ces échanges, qu’en est-il de l’égalité des chances, où mettre les limites du type : temps de réponse à une question, se contenter de son rôle d’enseignant ou se muer parfois en assistante sociale, grand-frère ou grande soeur, quel comportement avoir lorsque l’on s’aperçoit qu’un élève discute en ligne à une ou deux heures du matin et que le jour même il ne rend pas sa copie sous un prétexte fallacieux (il suffit de posséder le contact MSN dans ses favoris pour voir sans être vu une personne connectée).

En analysant un peu plus ces pratiques, je pense que d’autres points ou questions seraient à soulever (n’hésitez pas en commentaire si cela vous pose des problèmes, histoire de faire avancer le débat).

Bien sûr, on est loin des plateformes de téléformation et des classes virtuelles, mais le courrier électronique, les forums de discussion, le chat… sont d’un usage courant dans ce cas. Je soupçonne certains enseignant de travailler ensemble avec son apprenant, à distance, sur un même fichier même si aucun espace de travail commun spécifique n’est prévu. Les enseignants qui mettent en ligne sous une forme «top-secret-défense» leur cours n’est pas négligeable, éventuellement des FAQ. Je reprends seulement les outils cités dans l’article en début de billet.

Pas mal quand même pour quelqu’un qui, en général, est considéré comme n’utilisant pas les TIC, ni le elearning. Eux, ils nomment cela de l’accompagnement 🙂 mais je suis persuadé que si on leur donnait un questionnaire à remplir, ils ne diraient jamais qu’ils participent à ce genre d’activités de peur du jugement de leurs confrères (qui au passage font la même chose), de peur des syndicats (ils ne sont pas rémunérés pendant ces heures) et de peur d’enfreindre une loi quelconque.

Nous nous devons de reconnaître que les relations enseignants – mineurs, entre autres, n’est pas évidente. Nous sommes hors-cadre scolaire, rappelons le.

Peut-être faudrait-il se pencher davantage sur ces enseignants adeptes des NTCI et du elearning pour ne plus dire que nous sommes dans la queue du peloton. Et pourquoi pas, utiliser leurs compétences, leurs connaissances pour amener progressivement l’utilisation des TIC dans les classes et la mise en place de elearning en complément de cours. Peut-être pourraient-ils être consulté pour l’établissement du B2i. Ils connaissent bien mieux que d’autres l’utilisation de l’outil informatique dont sont capables leurs élèves.

Il est même selon moi urgent de s’occuper de ces enseignants précurseurs car le monde de l’éducation change. Nous le savons tous, même si certains ne l’admettent toujours pas, que l’enseignement unilatéral de l’enseignant à l’apprenant est révolu. Nous en arrivons à un apprentissage sous forme d’échange d’informations. L’enseignant ne détient plus la vérité absolue. Internet est bel et bien présent.

Parfois, une question de mes filles m’oblige à consulter l’encyclopédie car c’est une colle à laquelle je n’ai pas la réponse… La dernière venait de la cadette (7 ans) suite à quelque chose qu’elle avait lue dans un livre à la maison. Car les livres eux aussi changent. Je lui ai répondu que je ne savais pas, que je devais me renseigner. Et son réflexe a été de me dire : «sur Internet ?».

Il est temps de prendre en considération ces enseignants avant-gardistes. D’ici quelques années, le problème des NTIC en classe deviendra le souci des communications pendant et hors temps scolaire… Les enseignants devront fournir un complément d’information en étant disponible à distance pour donner un complément d’information à celui qui n’aurait pas compris, fournir les documents nécessaires à l’absent, indiquer des liens pour compléter son enseignement, diriger vers l’enregistrement de son TBI (Tableau Blanc Interactif), vers sa présentation mise en ligne comme accompagnement de son cours…

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