Si cet article vous intéresse, il existe une suite : Dyslexique, elle va au lycée sans cahier mais avec un iPad ! qui évoque également des améliorations qui peuvent convenir au collège 😉
Comme je l’avais indiqué en début d’année scolaire, l’une de mes filles atteinte de dyslexie peut cette année utiliser son iPad au collège. Elle est la seule dans la classe (du collège) à être équipé d’une tablette. Les autres élèves restent au papier – crayon…
Aussi, j’avais promis de faire un retour de cette « expérience » de l’utilisation de l’iPad en classe !
En fin d’année dernière, en 4e, nous avions demandé la mise en place d’un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) ainsi que pour les examens suite à son « handicap », à sa dyslexie.
Aussi, la veille de la rentrée, j’appelle la directrice de l’établissement pour savoir si nous pouvons déjà mettre en place l’usage de la tablette Apple dès le 1er jour de la rentrée scolaire.
La décision est vite prise… la réponse est : «il vaut mieux qu’elle démarre dès le début de l’année !» Au collège, on sait que je travaille dans « l’informatique » et donc, les problèmes techniques et l’apprentissage de l’outil sont à ma charge 😉 L’un des freins à cette décision est levé.
En effet, cela fait plusieurs mois que nous testons des outils pour une utilisation en classe. Côté manipulation, je pense que ma fille est plus habituée que moi désormais au maniement de sa tablette… Nous échangeons nos astuces d’utilisation.
D’ailleurs côté outil, j’ai laissé Yseult choisir ses propres outils !
Rapidement, elle s’est déterminé pour employer Evernote, un logiciel de mind mapping : SimpleMind et à l’occasion, elle use d’un logiciel de dessin : Jotter Notes ou encore, manie son iPad comme un appareil photo.
L’iPad en classe côté collégiens
À son arrivé en classe, évidemment l’apparition de l’iPad à fait son effet (les enseignants avaient été prévenus par la principale).
Côté élèves, c’est la surprise… et les réactions sont diverses : «Tu n’as pas le droit». La plupart râlent qu’ils n’ont pas le droit de venir avec leur portable en cours. Certains menacent de sortir leur portable lors des contrôles ou d’autres réagissent en lui disant : «t’as bien écrit pendant 3 ans, tu pourrais écrire une 4e année».
D’autres personnes lui demandent si elle aura toute l’année son iPad et pour d’autres, ils restent « baba » qu’elle possède un « vrai » iPad.
Bref, étonnement et jalousie dans un premier temps. Mais, c’était attendu. Par contre, personne n’a demandé à manipuler ou à toucher la tablette…
Rapidement, les élèves de sa classe sont plus intéressé par elle et son iPad que par le cours. Ils regardent ce qu’elle fait ! Elle se fait charrier : «t’as plus de batteries, etc.», mais aussi conseiller (on lui évoque les risques de vol, tu ne l’auras pas au brevet mais aussi d’aller jouer ou de consulter son Facebook) et une copine lui demande pour voir le contenu « privé » de l’appareil.
D’ailleurs, la conséquence de cet intérêt à l’iPad des camarades de classe est rapide. Yseult prend la décision de modifier chaque jour son code Pin. Quelques semaines plus tard, moins sous « surveillance », elle continue de le faire par habitude, mais la « pression » est moins forte !
Dès le premier jour, des élèves lui demandent qu’elle mette ses prises de note dans Facebook afin qu’ils puissent réviser ! (avec le recul, je me dis que c’est une bonne solution également pour ceux qui sont malades !) Mais ce sont les mêmes qui dans la cour de récréation disent qu’«elle apporte son iPad pour se la péter.»
À la première récréation, le bruit qu’Yseult utilise un iPad en classe se propage! Et à nouveau des question : savoir si la tablette lui appartient réellement, combien ça coûte (ce sera également une question d’un enseignant pendant une séance de travail), depuis quand elle l’a… et aussi s’il était 3G 😉
Pour la 3G, c’est motus et bouche cousu (la plupart des collégiens pensent : « « de toute façon, y’a pas de 3G sur l’iPad») car cela évite que d’autres camarades l’incitent à aller sur Facebook ou d’autres réseaux pendant le cours 😉 Au fil du temps, en cas de besoin, elle sait qu’elle peut s’en servir !
Elle doit fournir également des explications sur le pourquoi elle utilise son iPad ! Au passage, certains veulent faire croire qu’ils sont handicapés pour pouvoir utiliser eux aussi un iPad en classe ! Elle explique un peu ce qu’est la dyslexie. Toutefois, elle demandera plus tard à son prof. Principal, lors d’une heure de vie scolaire qu’il explique en cours la dyslexie, le handicap, la raison de l’iPad en classe).
Une question parallèle : a-t-elle due acheter d’autres équipement comme des cahiers… pour la classe !
Yseult note également un changement de comportement de certains élèves autour d’elle. Ils « fayottent » pour devenir amis avec la personne qui possède un « engin extraordinaire ».
Cela se ressent également pendant les cours. Des élèves « friment » d’être à la table de l’iPad (ils sont voisins d’Yseult dans la classe).
Mais, la sensation de l’iPad s’atténue rapidement au fil des jours. Dès la troisième journée, l’iPad n’est plus l’objet de tous les regards… même si, par Facebook, on lui demande si elle vient encore aujourd’hui avec son iPad !
Un iPad en classe, les enseignants
Et côté enseignants… Pour la grande majorité d’entre eux, l’arrivée de l’iPad ne change rien à leur cours en apparence même si un professeur propose de donner son cours sous forme électronique, mais sans effet derrière !
Mais là aussi, comme pour les élèves, les réactions peuvent être ambiguës. Le même enseignant dit qu’il attent les « aménagements» officiels mais demande s’il ne va pas trop vite pour la saisie par l’engin électronique.
Exception, l’enseignante de mathématique. Sa première question est de savoir si le livre de math est disponible sur l’iPad. Et petit clin d’oeil, dans son premier cours, cette enseignante doit distribuer des calculettes aux élèves qui ne l’avaient pas sur eu. Pas besoin avec l’iPad.
Rapidement, le professeur fait parvenir son cours au format Pdf. De même pour les DM, Yseult reçoit le Pdf et elles se sont mis d’accord, l’enseignante et Yseult sur la date et heure d’envoi du devoir.
Pour en avoir discuter l’enseignante, je sais qu’elle s’est rapprochée de son inspecteur pour en savoir un peu plus sur l’emploi de l’iPad au brevet par exemple.
D’ailleurs, c’est dans cette matière, les mathématiques que se pose le plus de problèmes pour la prise de notes, pour les DM et les DS.
En effet, côté saisie… l’écriture des fractions, des x (multiplication), des √ n’est pas native. D’ailleurs, si vous avez une solution simple, on est preneur 😉
On évoquait également avec l’enseignante, la difficulté de la correction orthographique, important, y compris en mathématique. Il existe une aide à la saisie (l’iPad propose des mots lors de la saisie) mais pas d’outil de correction orthographique comme dans Open Office ou Word !
Second soucis plus général, la récupération des documents pour les DS.
Ce dépôt ou la réception de fichiers pendant les cours, lors des DS pourrait être résolu par l’emploi d’une Dropbox (avec la connexion 3G depuis l’iPad), ou avec l’autorisation de se brancher sur le réseau du collège. L’iPad ne possède pas de connexion USB, il n’y a donc pas la solution de la clef USB).
Elle utilise un iPad en classe
Comment fonctionne Miss iPad (surnom qu’on lui a donné au collège) avec son iPad et l’intérêt pour elle d’avoir cet équipement au bout de quelques semaines de cours.
Le premier point est qu’elle peut prendre note de ces cours sous différentes formes. Elle passe aussi bien par une carte heuristique (beaucoup de ses camarades de sa classe lui ont dit : «c’est quoi ?», à de la saisie traditionnelle (nous avons ajouté une coque avec un clavier intégré) ou encore, elle prend le tableau en photo
La prise de vue résout la difficulté de prendre l’ensemble des notes, notamment en fin de cours, Cependant, selon les enseignants, ce contenu du tableau est plus ou moins exploitable : pression de la craie sur le tableau, écriture « lisible » ou non…
Les contraintes de l’écriture à la main dans un cahier : bout de ligne, ajouts… sont désormais du passé. Plus surprenant peut-être, lorsque j’en discute avec ma fille, elle me dit mieux et plus facilement hiérarchiser l’information en pouvant choisir son mode de prise de note !
L’utilisation de l’iPad abouti même parfois à un gain de temps sur la saisie par rapport aux autres membres de la classe. On regarde sur son iPad pour connaître la suite de ce qu’a dit l’enseignant.
L’un des plus importants avantage de l’utilisation de l’iPad est à la relecture… Ce n’est pas écrit «torchon». Mais, mieux encore, le zoom avec les doigts permet de régler le niveau de grossissement et de mettre au besoin en évidence par exemple une équation mathématique par exemple.
Par contre, nous sommes « déçus » car en Français, nous espérions trouver les livres sous forme Pdf… de plus, l’un d’eux doit être dans une collection spécifique. » Nous avons dû rechercher des versions sonores des livres 🙁
Petit détail… auquel je n’aurais pas pensé. Yseult a l’heure pendant les contrôles. Qui possède encore une montre dans les élèves ? Personne ou quasiment… Ils ont tous leur montre sur leur téléphone portable. Et les téléphones doivent être au fond du cartable ! Donc, autre avantage de l’iPad… il fait montre 😉
Autre avantage mis en avant par ma fille, l’iPad est moins lourd que l’ensemble des cahiers ou même qu’un ordinateur portable. Elle fait aussi remarquer que son autonomie est un plus. Pas besoin d’une prise de courant en cours de journée…
Des effets secondaires sont aussi apparus en classe qui dépasse le cadre de ma fille puisque dans le cours de math, d’autres élèves demandent eux aussi à recevoir les DM au format Pdf. Ils savent ainsi où se trouve leur DM !
Cet envoi de PDF offre un autre avantage… Il permet à Yseult de suivre les cours même si elle est absente comme c’est souvent le cas ces derniers temps pour des soucis de santé. La continuité pédagogique est de mise dans ce cours de mathématique… et c’est l’arrivé de l’iPad qui en est le générateur.
Notre apprentissage (car pour nous aussi nous —Yseult et ses parents) devons remettre en question nos manières de fonctionner, de réviser… continue.
Actuellement, nous regardons ce qu’il est possible de faire pour « écouter » plutôt que de « lire » ! C’est possible de « faire lire » l’iPad. De même, pour l’instant, elle n’a pas intégré la possibilité d’enregistrer le cours ou une partie du cours ! Mais, des solutions de transcription comme Dragon Dictation ne sont pas encore idéales.
De son côté Yseult, envisage de demander l’avis des enseignants pour savoir si elle peut diffuser les notes de cours issus de son iPad dans un groupe sur Facebook auprès des élèves de sa classe !
Mais, là, dans l’immédiat… vendredi nous avons une réunion pour la mise en place du PPS. En cours de trimestre, nous avons eu un appel de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) pour savoir ce qui avait déjà été mis en place dans la perspective de ce PPS !
L’arrivée de l’iPad au sein de la classe a apporté quelques changements, mais surtout, et c’était le but facilite la vie de la collégienne au quotidien.
Et puis, des élèves se renseignent auprès d’Yseult pour en connaître un peu plus sur la tablette car il souhaite passer commande d’un iPad pour Noël ou comme cadeau de réussite du brevet des collèges !
Quelques mise à jour (nuit du 20 au 21 nov.) :
Merci aux nombreux visiteurs de ce billet et à ceux qui nous fournissent des liens divers et variés. J’ai l’impression que le sujet intéresse pas mal de monde au vu des réactions des uns et des autres, professionnels de la dyslexie, passionnés de tablettes, parents concernés…
Pour répondre à quelques questions reçues dans Facebook, Twitter ou Google, le choix de l’iPad n’est que secondaire. J’aurais dû employer le terme de tablette, mais qui aurait lu l’article 😉 Par contre, je ne pense pas qu’un portable aurait eu le même apport que la tablette Apple !
je voudrais également ajouter quelques liens :
- pour ceux qui ne connaissent pas la dyslexie : 37 signes révélateurs de la dyslexie.
- Dyslexie et typographie : comment simplifier la lecture aux dislexiques par la typographie ? (mis dans Twitter en juillet 2011)
Enfin, iWorks n’apporte pas la solution pour les équations mathématiques sur iPad (pas de modules complémentaires comme sur Mac). Par contre, nous avons peut-être trouvé l’outil qui manquait ! Mince, son iPad est verrouillé… et je n ‘ai pas le mot de passe… Je vous dit cela demain 😉 Il s’agit de MathBot
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