Je ne sais pas si cela se fait, mais, comme je sais que cette interview ne sera pas publié (le rédac-chef a choisi un autre axe ensuite), je pense que je peux vous la diffuser 😉 Notez que depuis c’est YouTube qui tente d’être muselé en Turquie.
Selon cet article, le gouvernement turc est parfaitement au fait que la censure de Twitter n’est pas possible et cette interdiction vise plutôt à amalgamer le réseau social à de mauvaises choses (comme le porno, le manque de valeurs familiales etc..), êtes-vous d’accord avec ça ?
Effectivement, la censure de Twitter n’est plus possible désormais (comme pour les autres médias sociaux d’ailleurs) et « fermer » l’un ne ferait que profiter aux autres, voir au réseau que l’on cherche à fermer !
Il est bon de se rappeler que, dans les réseaux sociaux, nous sommes sur Internet et ce réseau, basé sur un ancien projet militaire Arpanet, tisse une toile dans les moyens de communication. Pour la petite histoire, lors de la guerre du Koweït, les Etats-Unis avaient tenté de couper toutes les communications dans ce pays. Peine perdue, il existe désormais toujours un canal de diffusion disponible pour internet !
Mais revenons à l’amalgame. Je pense que cet état de fait : associer un ou des réseaux sociaux à de « mauvaises choses » n’est pas le propre de la Turquie. En France, nous rencontrons souvent ce phénomène dans les discours politiquement corrects.
Il suffit de regarder du côté des médias et de l’alarmisme sur les dangers d’Internet (y compris le parti-pris dans les débats en général) ! Si l’on devait faire la balance entre les émissions, articles… sur les dangers d’internet existants et ceux qui vantent les bienfaits d’Internet et des réseaux sociaux, le plateau dangers serait exceptionnellement lourd !
Nos hommes politiques ne font pas mieux ! On parle moins de la loi Hadopi et autres projets de loi, mais régulièrement, on s’aperçoit que Twitter et les médias sociaux en général posent des problèmes aux politiques ne serait-ce que par la transparence que leurs utilisations imposent (la question n’est souvent pas de tout dire, mais de parler « vrai », de ne pas cacher la vérité aux autres !)
Et puis, cela me rappelle cruellement ce que nous sommes en train de vivre actuellement dans nos écoles où plutôt que d’expliquer les usages « cohérents » (avantages et inconvénients en expliquant simplement qu’il existe des règles de droit par exemple, y compris les conséquences que cela peut avoir), on livre aux jeunes des séances : les dangers d’Internet basées uniquement sur la cybercriminalité !
Extrait de ce qui a pu y être entendu : «Il n’y a que de la pornographie sur SnapChat» sans parler des dangers de la pédophilie qui guettent chacune de nos têtes blondes à chaque passage sur la toile ! Heureusement, la réaction des jeunes est souvent de dire à la sortie de la séance : «Nous avons tout compris. Il est dangereux d’aller sur Internet» en se précipitant sur leur Twitter, Facebook, etc. Juste pour mémoire, des études montrent que les jeunes (surtout à 16 ans) sont matures au niveau d’Internet et donc on peut difficilement leur raconter « n’importe quoi » !
La thèse de l’article est que, en discréditant Twitter, Erdogan cherche aussi à discréditer les éléments qui circulent dessus au sujet de ses affaires de corruption. Qu’en pensez-vous ?
En effet, cela pourrait être un moyen de tenter de « cacher » une information en rendant la source comme « inutilisable » puisque non-crédible. Cependant, on s’aperçoit vite qu’il ne faut désormais plus prendre l’internaute pour une personne à qui l’on fait avaler des couleuvres. D’ailleurs, en Turquie, il semble y avoir davantage de tweets depuis la tentative de blocage comme l’explique Alain Gerlache dans Matin Première (RTBF). C’est la réponse du berger à la bergère !
La leçon à retenir pour tous est que vouloir cacher une information la met désormais bien plus en lumière. L’affaire Cahuzac en France en est également un bon exemple !
Il est notamment question de la comparaison avec l’interdiction de Twitter en Égypte. Dans le cas égyptien, le gouvernement interdit Twitter, car il est extrêmement menacé, dans le cas turc, cela s’inscrit davantage dans un programme d’encadrement de la population plus général…qu’en pensez-vous ?
En effet, les 2 contextes sont différents, mais au final, je retiens, dans les 2 cas, les « interdictions » dépassées.
Les gouvernements et les hommes politiques de tout pays et de toutes obédiences doivent désormais se faire une raison. Un nouveau pouvoir (ou contre pouvoir) existe : il s’appelle Internet ! Il est loin le temps où Internet était considéré comme un gentil village où tout le monde est beau, tout le monde est gentil !
Maintenant, l’homme de la rue, via les réseaux et médias sociaux, trouve des moyens de s’exprimer, exprimer sa colère, son mécontentement aussi bien qu’exprimer son émerveillement, son approbation.
Pire ou mieux, avant l’individu se sentait seul à avoir cette sensation, ce ressenti… et les mondes sociaux du net lui montrent qu’il n’est pas seul à penser cela !
Nos parents utilisaient les manifestations dans la rue, pour en revenir à notre territoire, désormais les Hommes d’aujourd’hui manifestent d’abord par les médias sociaux ! Reste aux pouvoirs à les écouter, mieux, les entendre !
On parle souvent de la séparation ou de l’écart entre les gouvernants et la « peuple ». Pourtant, ils ont un moyen facile de se rattacher au peuple en étant présent (Pas leurs attachés ou conseillers en communication, non eux même) sur ces réseaux ! On aura vite le pouls de l’état dans lequel on est !.
Cependant, et c’est là le cœur du problème, de leur problème, les médias sociaux ne peuvent être encadrés, raisonnés, bâillonnés, muselés… De plus, le discours politique habituel ne fonctionne pas… c’est le langage de la rue qui y trouve toute sa place !